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17 décembre 2011 6 17 /12 /décembre /2011 07:31

Les HDH afficheLes Hauts de HurleventWuthering Heights (1939) William Wyler avec Merle Oberon et Laurence Olivier

Bien avant de savoir que cette histoire avait été écrite par Emily Brontë, je pleurais régulièrement devant l'amour impossible entre Heathcliff et Cathy, et je rêvais de landes sans fin balayées par le vent.

L'histoire :

Un homme pris dans une tempête de neige trouve refuge dans une maison lugubre, sur la lande. Il est accueilli brutalement par le maître des lieux, Heathcliff. Pendant la nuit le voyageur croit voir et entendre une femme sur la lande. La domestique , Mrs Deane lui raconte alors l'histoire torturée de Cathy et Heathcliff.

Alors qu'elle est encore enfant, le père de Cathy ramène de la ville un jeune bohémien qu'il prénomme Heathcliff. Il deviendra le compagnon de jeu de Cathy mais aussi le souffre douleur du frère de cette dernière, Hindley. A la mort de Mr. Earnshaw, Hindley fera de Heathcliff son domestique mais il ne pourra empêcher Cathy et son jeune compagnon de continuer leurs escapades sur la lande.  Heathcliff supporte sa condition parce qu’elle lui permet de rester près de Cathy et il n’imagine pas la vie autrement. Bien sûr, Cathy aime Heathcliff mais elle rêve aussi de bals, de belles robes, de fortune.

Un soir, attirée par la musique, elle va admirer les danseurs invités par la famille Linton.

Les HDH balMais elle se blesse et doit rester jusqu’à son rétablissement. Durant son séjour elle sera courtisée par Edgar Linton. Heathcliff, désespéré, partira faire fortune et découvrira à son retour que sa belle a épousé Linton. Il n’aura de cesse de se venger, jusqu'à la mort de Cathy. Il finira alors seul, terré dans sa maison, jusqu’à l’arrivée du voyageur. Ce dernier ne s’était pas trompé, le fantôme de Cathy erre dans la lande et appelle Heathcliff qui finira par la rejoindre. Rien ne pourra plus les séparer.

Depuis, j'ai lu le roman et je sais que le film de William Wyler n’est que l'adaptation de la première partie, et qu'il n'a pas la subtilité de l'écrit d'Emily Brontë. Mais peu importe. On y retrouve l’atmosphère du roman gothique : les personnages torturés, hantés par le malheur qu’ils ont subi ou qu’ils ont fait subir, les passions exacerbées, intenses, le voyageur prétexte à la narration d’une histoire passée, les fantômes qui viennent réclamer le repos.

Plus je regarde ce film plus j’aime la qualité du noir et blanc. Les éclairages aussi sont incroyables et donnent gravité et intensité aux visages et aux expressions de douleur, notamment lors des scènes près des cheminées. Les HDH feu

Que dire aussi de ces scènes dans la lande pendant lesquelles le vent nous fouette et nous fait nous sentir vivant ?

Les HDH

Un autre grand atout de ce film, c’est bien sûr les interprètes, et surtout Laurence Olivier, sauvage à souhait en jeune bohémien amoureux de Cathy, mais aussi et surtout magnifique de dédain et au port aristocratique en propiétaire terrien.

Les HDH 3  Les HDH 2

Bref, j’aime ce film qui restera pour moi un de mes nombreux doudous cinématographiques que le mois anglais me permet de revisiter.

 

Voir aussi chez Wens (pour le film) et chez Claudialucia (pour le livre)

 

1er film du mois anglais

ennui

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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 07:08
  Il faut croire que c'est ma période  « insectes » !
Après la Mygale   de Jonquet, voici une puce, certes impressionnante du haut de ses 2 mètres, mais tellement plus choupinette que la vilaine araignée !
 
Un monstre afficheUn Monstre à Paris- Bibo Bergeron - Avec les voix de Vanessa Paradis, Mathieu Chédid - Gad Elmaleh – François Cluzet – Ludivine Sagnier – Bruno Salomone – Julie Ferrier
 
Nous sommes en 1910 - les voitures à cheval côtoient les automobiles pétaradantes, le cinéma est à ses débuts et les cabarets font le plein.
Mais à Paris la Tour Eiffel a les pieds dans l'eau, la Seine ne cesse de monter et le zouave du pont de l'Alma boit la tasse. Le Préfet Maynott, arriviste, promet de venir à bout de ces inondations. Ce même Préfet profite de son pouvoir et de son image pour s'imposer auprès de la belle Lucille, chanteuse dans un cabaret de Montmartre, « L'Oiseau Rare ».
Dans l'entourage de Lucille il y a aussi Raoul, grand dadais un peu foufou – surtout quand il est au volant de sa camionnette – et secrètement amoureux de Lucille. Il perd tous ses moyens quand il la voit ou ne l'aborde jamais autrement qu'en lui lançant des jeux de mots pas toujours des meilleurs. Et pourtant c'est lui qui conseille au timide projectionniste Albert de se décider à déclarer son amour à la gentille Maud, caissière au cinéma !
Un soir, le grand dadais, accompagné du tremblant Albert, va s'introduire dans un laboratoire et par maladresse va répandre un produit qui produit un monstre : une puce géante.
Cette puce monstrueuse terrorise tout Paris et le Préfet profite de la peur de la population pour lancer une chasse au monstre et gagner ainsi des voix aux élections (bizarre comme ça rappelle des choses plus contemporaines...).
La puce, aussi effrayée par la réaction qu'elle déclenche, que les Parisiens qui la croisent sur leur chemin, atterrit finalement  devant « L'Oiseau Rare ». La jeune Lucille au cœur tendre va la recueillir, l'habiller, la cacher et lui donner un nom : Francoeur. Dans le cabaret on découvre que cette puce a un superbe brin de voix...et un beau jeu de jambes !
L'aventure commence alors pour Lucille et ses amis pour que Francoeur échappe aux manigances du Préfet.
Les petits ont aimé ce film, l'humour des personnages, surtout Raoul et le singe, les vieilles voitures « rigolotes » et le méchant avec sa tête de méchant. Maynott 2
Ils ont été émus par cette puce si moche qui fait peur au début mais qui finalement est si gentille et qui chante si bien. Ils ont aimé les chansons aussi, comment ne pas les aimer ?
Alors que demander de plus ?
C'est vrai que l'histoire met un peu de temps à démarrer, que les idées qu'elle véhicule sur la différence ne sont pas révolutionnaires. Mais les adultes que nous étions ont aimé les images d'un Paris un peu désuet, les jeux de mots que les enfants n'ont pas saisis, et les petits clins d'œil - le vilain voleur qui revient plusieurs fois sous les traits de Louis Chédid, Lucille qui fait essayer à Francoeur un chapeau identique à celui de M sur scène, la puce géante en posture de King-Kong ou vêtue comme Le fantôme de l'Opéra, et mon préféré : un gendarme ressemblant à Bourvil qui crie le fameux « mon vélo ! ».
Finalement, ce qui a conquis aussi bien les grands que les petits, c'est bien sûr la musique et les chansons qui restent en tête longtemps après.
Dommage quand même qu'il n'y en ait pas plus.
Une dernière chose : la 3D n'a absolument aucun intérêt !
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20 novembre 2011 7 20 /11 /novembre /2011 07:23

Affiche

 

La Piel que habito - Pedro Almodovar 

avec Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes 

 

Inspiré par le très noir roman de Thierry Jonquet, Mygale, La Piel que habito a pour personnage principal Robert (Antonio Banderas), brillant chirurgien plastique. Ce dernier, contre l'avis de la profession, continue ses expériences sur la greffe de peau dans son laboratoire personnel. Il teste ses nouveautés sur une femme qu'il séquestre et qui est étroitment surveillée par Marilia (Marisa Paredes), employée de maison totalement dévouée à Robert.

Le chirurgien est fasciné par Vera, sa création, qu'il observe sur des écrans. Il faut dire que Vera, sous les traits d'Elena Anaya est d'une beauté incroyable.

La Piel 3

 

Par flash-back interposés on apprend petit à petit la cause de cette folie qui habite le chirurgien. Suite à un accident, sa femme, grièvement brulée n'a pu supporter son image défigurée et s'est suicidée. Il n'a pu la sauver malgré toutes ses compétences, est obsédé par le remords et veut mettre au point une peau artificielle parfaite qui résisterait à toutes les agressions. C'est à cela qu'il s'emploie sur Vera. La Piel 1

Mais le remords n'est pas la seule motivation de Robert. Il est également animé par une incroyable soif de vengeance et Vera en est l'objet.  

Qui est-elle ? Pourquoi l'a -t-il choisie comme cobaye ?

Un autre personnage est l'objet des expériences du chirurgien : Vincent, un jeune homme qu'il a kidnappé et qu'il traite comme un animal, enchaîné, abandonné à sa solitude et dans l'incompréhension de sa situation.

 

 Là aussi, quelques flash-back permettront au spectateur de reconstituer le cheminement des personnages et de découvrir l'horreur de la situation, le lien entre Vera et Vincent et le machiavélisme du chirugien.

Mais il n'est pas le seul à être pervers. Son employée de maison, Marilia, n'est pas ce qu'elle prétend être et peut-être est-ce elle la plus perturbée dans cette histoire. Quant à Vera, elle paraît parfois prendre plaisir à sa séquestration et semble manipuler Robert.

Encore une fois Almodovar nous raconte une histoire insensée. Une histoire de folie, de vengeance, de manipulation et de transgression.

Comme toujours le corps et l'identité sexuelle sont au coeur de sa réflexion.

J'ai aimé retrouver Antonio Banderas (soupir !) aussi magnifique dans la froideur et le détachement qu'il l'avait été dans l'agitation et la fièvre de Attache-moi ! (mon Almodovar préféré). Quant à Elena Analya, ce fut une belle découverte.

L'histoire que nous raconte Almodovar est sordide et dérangeante, mais elle l'est malgré tout beaucoup moins que celle racontée par Thierry Jonquet. On passe assez rapidement sur certains passages, notamment la détention de Vincent, et il est plus difficile de comprendre ce qu'il ressent. Mais c'est souvent le cas quand on passe de l'écrit à l'écran, il faudrait bien plus de 2h pour construire réellement une atmosphère aussi chargée.

Toujours en comparant le film au roman, je n'ai pas trop aimé la fin, sorte de « happy end » pour Vera, mais là encore c'est vraiment tordu.

Mais je n'ai malgré tout pas boudé le plaisir de ce mélodrame, genre qu'on ne voit plus beaucoup dans les salles.


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17 septembre 2011 6 17 /09 /septembre /2011 07:07

 

afficheAzur et Asmar long métrage d'animation de Michel Ocelot - 2006

 

Je me rends compte que depuis quelque temps je ne lis que des romans sombres dont nombre de billets sont d'ailleurs en attente. Mais là, aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de jolies choses.

Il y a peu , j'ai revu avec des petiots le magnifique Azur et Asmar de Michel Ocelot. Et vous savez quoi ? Nous nous sommes retrouvés pendant le générique de fin tous debout, grands et petits, à tenter , je dis bien tenter, une danse du ventre entre deux fous rire. Merci Monsieur Ocelot pour ce bon moment pendant, et après le film.

 

Azur et Asmar, c'est tout d'abord un conte, raconté de façon classique, avec affrontement des bons et des méchants, quête, épreuves à surmonter et morale.

Dans un pays d'Europe médiévale, Azur, blond aux yeux bleus, et Asmar, brun aux yeux noirs, sont élevés comme deux frères par la mère d'Asmar. Elle les berce de sa voix douce et chaude, et les délecte des légendes de son pays de l'autre côté des mers. La légende qu'ils préfèrent est celle de la fée des djinns. Ils en nourrissent leurs jeux, s'imaginent la délivrer et l'épouser.

Mais le temps des jeux et de la complicité a une fin. Le père de d'Asmar l'envoie étudier au loin et il chasse Azur et sa mère. Des années plus tard, Asmar, qui n'a pas oublié la langue de la nourrice ni ses histoires, décide de partir délivrer la fée des djinns. Son périple le conduira à rencontrer un drôle de compagnon d'aventures et il retrouvera son frère de lait avec qui il se confrontera avant de s'allier pour aller jusqu'au bout de leur quête.

nuit

 

 

 

 

 

 

lion A et A

Une très belle histoire, aux bons sentiments assumés, prônant la tolérance, montrant une union et une compréhension possible entre l'Occident et le monde arabe. Les liens tissés entre Azur et Asmar l'ont été par une langue et une culture partagées, des rêves communs. C'est intelligemment fait, notamment par le biais de l'humour, avec le personnage de Crapoux qui critique tout mais qui au fond aime ce pays, ses habitants et sa langue.

 

Ce film est également un vrai régal visuel, comme l'est Kirikou. Que dire des couleurs qui explosent dans les décors des palais, dans les costumes, dans la faune et la flore. C'est purement merveilleux.

Et il n'y a pas que les yeux qui se régalent ! La B.O. de Gabriel Yared émerveille aussi les oreilles. En entendant la voix de Souad Massi chanter la berceuse, on n'a qu'une envie, se laisser porter par cette douceur infinie et laisser son esprit vagabonder au pays des légendes.

Un film à voir et à revoir pour l'optimisme de son message et le voyage que nous font faire son univers visuel et la B.O.

 

 Allez hop ! Un p'tit coup de danse du ventre ...

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12 mai 2011 4 12 /05 /mai /2011 07:22

 

Never let me go - afficheNever let me go

Réalisateur : Mark Romanek

Avec : Andrew Garfield , Carey Mulligan, Keira Knightley

d'après le roman de Kuzuo Ishiguro

 

 

Je l'avoue, je suis sous le charme de l'écriture d'Ishiguro, et particulièrement de Never let me go. Ce roman m'a complètement bouleversée, et même si sa lecture remonte à plusieurs années, j'en ai gardé des images très précises et surtout des émotions qui me hantent encore aujourd'hui. Ah ! Cette écriture ! Ah ! La subtilité de son style !

Aussi, quand j'ai appris qu'il allait y avoir une adaptation cinéma, ma première réaction a été de dire : « On ne peut pas adapter un tel chef-d'oeuvre ! Encore une nullité en perspective ! » Et puis la curiosité a été la plus forte, et dès qu'il est enfin sorti par chez moi, je m'y suis précipitée, sûre que j'allais être déçue.

 

Bon, l'histoire, vous la connaissez (ou pas).

Kathy, jeune adulte, raconte sa vie et celle de nombreux enfants à Hailsham, pensionnat typiquement anglais. Elle raconte surtout sa vie avec Tommy et Ruth à travers de petits détails de leur quotidien très cadré et très réglementé. Un pensionnat des années soixante, quoi ! Pourtant, plus on avance dans le récit et plus on soupçonne quelque chose d'étrange, un malaise s'installe, mais on ne sait pas quoi, jusqu'à la révélation incroyable, celle de leur devenir à tous.

Ce roman est une merveille, je ne le dirai jamais assez !

Billets sur le roman chez Syl., Karine, Sandy, George, Liliba, Céline, Cécile  

 

 

Alors le film, me direz-vous ?

Et bien d'une certaine manière, il respecte le roman.

La vie à Hailsham est faite de petits riens du quotidien, mais aussi de règles et de rumeurs qui effraient les enfants et les empêchent de sortir de la propriété. Ils ne sont pas prisonniers, ils pourraient franchir les limites mais s'en empêchent. L'extérieur les inquiète et ils ont bien raison : Hailsham sera le seul endroit où ils auront connu la sécurité et un semblant d'affection.

never let me go - collège

Tout cela est très bien mis en scène et participe à créer une atmosphère, à tisser un lien direct entre les spectateurs et les trois personnages principaux. A partir de là, comme dans le roman, on ne peut que souffrir avec eux lorsqu'ils découvrent ce pour quoi ils sont là. On est empêché de l'intérieur, comme eux. On est eux, et de ce fait on ne peut rien pour les aider.

Les décors, comme ceux imaginés dans le roman, sont magnifiques, - les maisons, la campagne anglaise, la côte.

 

A certaines scènes j'ai vraiment retrouvé l'émotion du roman, et la même grande tristesse pour ces personnages que j'avais découverts enfants dans les petits instants précieux de leur quotidien, et qui m'étaient devenus intimes et proches. Même en sachant qu'ils allaient échouer, j'ai espéré quand Kathy et Tommy vont chez Madame pour essayer d'obtenir un sursis. Et j'ai retenu ma respiration quand dans une scène magnifique et si terrible à la fois Tommy fait enfin exploser sa rage, sa révolte et sa déception.

never let me go - 2 bis

Andrew Garfield est formidable dans ce rôle, comme il l'était dans Boy A de John Crowley. D'ailleurs pour moi, les meilleures scènes du film sont celles que partagent Andrew Garfield et Carey Mulligan.

 

Carey Mulligan interprète parfaitement Kathy, personnage un peu en retrait, consolatrice, discrète, s'effaçant derrière Ruth la peste, et lui laissant ainsi l'emprise sur Tommy, alors qu'elle l'aime vraiment, tel qu'il est avec ses imperfections et ses colères.

Never let me go 2 ter 

Alors, bien sûr, le film n'a pas la subtilité du roman d'Ishiguro. Mais était-ce possible ?

 

Peut-on parler d'erreur d'interprétation du texte quand le réalisateur révèle dans le premier quart d'heure le « mystère » qui plane autour de ces enfants ? Certes, l'auteur prenait le temps, par petites touches tout en finesse, d'arriver à la révélation (presque) finale. Toutefois, j'avais lu plusieurs fois le roman, le mystère n'en était donc plus un pour moi, et je n'ai pas vraiment été gênée par cette rapidité.

 

Par contre, une scène cruciale du roman (à mon humble avis) où au son d'une chanson dont elle ne comprend pas le sens, Kathy-enfant berce dans ses bras un coussin comme s'il s'agissait d'un enfant, et qu'elle finit par se rendre compte que Madame l'observe depuis un moment en pleurant, est complètement ratée dans le film. En effet comment comprendre l'attitude de Madame et des autres adultes extérieurs face aux enfants, ou le rôle de la « galerie d'art », si au lieu de Madame, c'est une Ruth énervée, interloquée ou moqueuse (on ne sait pas trop) qu'il nous est donnée à voir à l'écran ?

 

Et dernier reproche : la musique ! Alors que la mise en scène est sobre, et qu'elle accompagne des personnages résignés, sans avenir, est-il obligatoire de signaler aux spectateurs, par le truchement de violons dégoulinant de guimauve, que oui, c'est bien triste tout ça, et que ce serait bien de pleurer un peu.

L'histoire de Kathy, Tommy et Ruth ne m'a jamais donné envie de pleurer mais plutôt de hurler, ou tout simplement de rester silencieuse devant tant d'injustice.

 

Finalement, je m'attendais tellement à un navet, que malgré les réserves émises, j'ai passé un assez bon moment et j'ai pu retrouver un peu de l'atmosphère de ce superbissime roman (heu... comment ça , je l'ai déjà dit ?)

 

Voir aussi chez Céline

 

 

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 07:48

 

 

 

afficheTous les soleils

 

Réalisé par Philippe Claudel


Avec Stefano Accorsi, Neri Marcoré, Lisa Capriani

Alessandro, Italien installé à Strasbourg, est professeur de musique baroque. Veuf depuis longtemps, il vit avec sa fille Irina, et héberge son frère. Ce dernier refuse de vivre en Italie tant que Berlusconi sera au pouvoir (il va même jusqu'à demander le statut de réfugié politique), il refuse de parler Italien et de sortir de l'appartement. Ce frère, un peu fou ,passe son temps en pyjama et en peignoir qui mériterait un petit changement d'air.

La vie d'Alessandro est partagée entre ses cours, son groupe de chant, ses lectures auprès de gens hospitalisés, et ses copains avec lesquels il passe tous les week-ends à la campagne dans un maison qu'ils ont achetée en commun. Il s'occupe beaucoup de sa fille, trop sans doute, car Irina arrivant à l'âge où on souhaiterait un peu d'indépendance voudrait bien que son père la laisse un peu tranquille. Elle découvre les garçons, enfin un, et finalement semble avoir une vie sentimentale bien plus riche que celle de son père.

Et c'est bien là le problème : Alessandro est seul, il n'arrive pas à faire le deuil de son amour de jeunesse ni à s'investir dans aucune relation avec une autre femme. La chorale, la maison de campagne, celle qu'il croit encore être une toute petite fille, son frère, l'hôpital, tout cela masque une terrible solitude. Mais Irina et son oncle fantasque veillent et vont jouer les bonnes fées.

Tous les soleils - fille

Je serais peut-être passée à côté de ce film si je n'avais pas vu un billet très incitatif chez Nanne. Je n' avais rien lu sur ce film, rien entendu avant. Mais j'aime Philippe Claudel écrivain et une comédie écrite par lui m'intriguait, ce n'est pas son genre. Et puis j'aime aussi beaucoup Stephano Accorsi. Et enfin, aller voir une comédie dans la période de morosité ambiante, pourquoi pas ?

Et bien, j'ai passé un bien bon moment . D'accord, ce n'est pas le film de l'année, certes, il y a des défauts. Le principal est l'absence de direction d'acteur. Si Alessandro, son frère et sa fille son justes – la jeune Lisa Capriani est lumineuse – les autres sont bien, bien loin derrière. Notamment la bande de copains. Chaque acteur semble dire son texte comme s'il était en train de passer un contrôle de récitation ! Même la magnifique Anouk Aimée est terne . Quant à Clotilde Courau, pfff, vous avez déjà vu un soufflé qui vient de retomber ? Ben, c'est ça !!!! 

Mais il y a

  • les pitreries du frère qui retrouve sa langue natale pour s'engueuler avec Alessandro (on parle beaucoup avec les mains dans ce films)

Tous les soleils - frères

  • l'hommage au cinéma italien, (la scène de début où Alessandro déambule en solex dans Strasbourg filmée comme une ville italienne avec ses quais, ses canaux, ses ponts, et qui rappelle immédiatement Nanni Moretti sur son vespa dans Journal intime),

  • la musique – une tarentelle qui nous trotte dans la tête bien après la fin du film,

 Tous les soleils - danse

  • les moments magiques entre le père et sa fille, pleins d'émotion, de tendresse, et de complicité.

Voilà donc une petite comédie populaire et sentimentale qui malgré ses défauts, fait passer un bon moment. Je suis ressortie le sourire au lèvres, avec l'envie de visiter Strasbourg (on ne sait jamais, des fois que j'y croise Stefano Accorsi !!!), de ne plus écouter que de la musique baroque (ça tombe bien, j'adore ça), et de me mettre à l'Italien.

Merci Nanne

 

 

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 08:05

 

winters bone afficheWinter's bone - Debra Granik

adapté de Un hiver de glace de Daniel Woodrell

Avec

Jennifer Lawrence (Ree Dolly)

John Hawkes (Teardrop)



Ree Dolly, 17 ans, vit avec ses jeunes frère et sœur et sa mère dans une maison qui tient plutôt de la cabane, dans le fin fond du Missouri. On comprend qu'elle a dû quitter l'école pour s'occuper de sa fratrie mais aussi de sa mère, totalement ailleurs, qui semble souffrir de dépression.


Le père, absent, est pourtant  d'une importance capitale dans cette histoire. Pour échapper à la prison – il fabrique de la méthamphétamine, comme la plupart des habitants de la région d'ailleurs – il lui fallait payer une caution. Faute d'argent, c'est la maison qui lui a servi de garantie.


La police vient informer Ree que si son père ne se présente pas au tribunal, la maison sera saisie et elle sera expulsée avec les petits et sa mère. C'est la début d'une recherche qui s'avèrera douloureuse.


Elle devra affronter sa famille, ses voisins, les amis de son père, aucun n'ayant intérêt à ce que le père refasse surface. Elle rencontre partout la méfiance, la loi du silence, puis l'hostilité franche et rapidement la violence.


Cette violence est omniprésente chez ces personnages d'exclus et de petits mafieux. Finalement j'ai trouvé dans ce film pas mal de points communs avec True Grit. Ree est un peu comme Mattie, une jeune fille qui évolue dans un monde d'hommes, un monde hostile, et sa quête du père (de l'assassin du père dans True Grit) , lui fera gagner ses galons d'adulte. Ici encore il s'agit d'une histoire qui donne un rôle fort à une jeune fille. Une différence notable toutefois : si l'humour est très présent dans True Grit, il n'en est pas de même dans Winter's bone.

winters-bone-ensemble

Ree ne sourit pas, ou si peu, et ne semble connaître de moments de tendresse qu'avec ses frère et sœur ou avec une copine mariée et déjà mère de famille, comme elle finalement.


Ree est obstinée, jusqu'à se faire tabasser sans broncher, elle ne renonce jamais même quand on la sent effrayée par la violence qu'elle provoque (la scène où elle va demander de l'aide à son oncle Teardrop, camé, englué lui aussi dans la loi du silence, est particulièrement effrayante). Et pourtant à aucun moment elle n'exprime de colère contre son père !


Pour sauver cette famille, on la sent prête à franchir toutes les limites, comme un animal avec ses petits. Elle a abandonné l'école pour eux, elle ne semble pas avoir de regret, mais elle met une rigueur particulière à les emmener à l'école, leur faire faire leur devoir, comme un parent qui veut que ses enfants fassent mieux que lui.


Si Debra Granik donne à voir la misère de ce petit coin des Etats-Unis, avec ses fermes délabrées, la pauvreté qui n'épargne personne, jamais le film ne sombre dans le misérabilisme. Il y a même parfois quelques rares moments de paix, autour de la musique (une scène familiale où chacun joue ou chante du bluegrass, ou une autre où le banjo du père va servir de lien entre Ree et Teardrop). John Hawkes est lui aussi génial dans ce rôle de Teardrop, si plein d'ambiguïté qu'on se demande à chacune de ses apparitions s'il va aider Ree, continuer à faire profil bas dans les brumes de la drogue, ou se mettre du côté des méchants. Teardrop

 

D'ailleurs qui sont les gentils et qui sont les méchants dans ce film ? Difficile à dire malgré tout. Les voisins de Ree par exemple guettent tout ce qui se passe chez elle, ils sont capables de la menacer tout en venant l'instant d'après lui apporter de quoi nourrir sa famille. Comme dans une grande famille où les disputes peuvent aller très loin mais où on se serre les coudes quand il le faut.winters-bone-course





Dans une autre scène, digne d'un film d'horreur, les mêmes qui l'ont agressée quelques scènes plus tôt, lui viennent en aide mais l'obligent toutefois à procéder à un acte d'une grande barbarie. Bien sûr, elle va jusqu'au bout, pour sauver sa famille. La force du film est de toujours « montrer » les actes de violence hors-champ, ce qui n'est pas moins éprouvant d'ailleurs. Le film ne sombre jamais dans le sensationnalisme, ni dans le voyeurisme.

 

Malgré une lumière pâle d'hiver qui rend tout encore plus sordide, ce film est lumineux, grâce essentiellement à Jennifer Lawrence qui crève l'écran, avec une caméra qui s'accroche à elle tout au long du film comme pour mieux la soutenir.

 

C'est un film bouleversant, oppressant,scotchant !

Une très, très belle découverte.

 


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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 10:50

 

J'y suis allée bien sûr ! Je ne rate jamais un film des déjantés frères Coen. Et je ne le regrette pas !

   

AfficheTrue grit - Ethan Coen – Joel Coen

avec Hailee Steinfeld, Jeff Bridges, Matt Damon

 

Synopsis :
1870, juste après la guerre de Sécession, sur l'ultime frontière de l'Ouest américain. Mattie Ross, 14 ans, réclame justice pour la mort de son père, abattu de sang-froid pour deux pièces d'or par le lâche Tom Chaney. L'assassin s'est réfugié en territoire indien. Pour le retrouver et le faire pendre, Mattie engage Rooster Cogburn, un U.S. Marshall alcoolique.

Mais Chaney est déjà recherché par LaBoeuf, un Texas Ranger qui veut le capturer contre une belle récompense. Ayant la même cible, les voilà rivaux dans la traque. Tenace et obstiné, chacun des trois protagonistes possède sa propre motivation et n'obéit qu'à son code d'honneur. Ce trio improbable chevauche désormais vers ce qui fait l'étoffe des légendes : la brutalité et la ruse, le courage et les désillusions, la persévérance et l'amour...

 

Le film commence par un récit en voix off, celui de la mort de l'assassinat du père de Mattie Ross par Tom Chaney. De ce meurtre on ne verra à travers quelques flocons de neige qu'un corps allongé sur la terre battue. On retrouvera la voix, celle de Mattie adulte, dans une magnifique scène finale.

 

L'histoire en elle-même n'a rien d'extraordinaire. C'est celle d'un désir de justice, de poursuite de méchants par des gentils (enfin, pas toujours très gentils), de chevauchées dans les grands espaces de l'Ouest, de campements au clair de lune, d'échanges de coups de feu, bref, tout ce qui fait un bon western. Mais l'originalité de ce film, c'est que nous suivons cette histoire à travers les yeux de Mattie.

Cette gamine qui vient de perdre son père, arrive dans la ville où son père est mort et refuse de repartir avec le corps. Elle montre un aplomb incroyable pour son âge et pour une fille dans ce monde d'hommes - Hailee Steinfeld est simplement géniale dans ce rôle où elle incarne avec la même aisance la gaucherie enfantine et la maturité.

 

  Mattie

 

Elle veut la justice pour son père, mais avant de rencontrer le shérif, elle devra assister à la pendaison de trois hommes, dont un Indien à qui on ne donnera pas le droit de s'exprimer comme les deux autres avant de mourir (c'est d'ailleurs le seul Indien vu dans le film alors que la chasse à l'homme se déroulera sur le territoire indien ,  comme si les Coen avaient voulu, dans cette courte scène, mettre en évidence la négation de cette population).

 

Mattie apprend par le shérif que Tom Chaney n'est poursuivi par personne, elle décide donc d'engager un marshall. Ils seront bientôt rejoints par un Texas Ranger.

 

Encore une fois, peu importe l'histoire. C'est le trio qui est intéressant, le chemin qu'ils vont parcourir ensemble et l'évolution de leurs relations et de leur personnalité.

Tour à tour les deux hommes, comme il se doit en continuelle rivalité, vont servir de protecteurs à Mattie, et Mattie va être l'adulte capable de les raisonner comme le ferait une mère avec ses deux garçons turbulents.

Jeff Bridges est extraordinaire en Rooster Cogburn, marshall borgne, grognon, alcoolique et à la voix éraillée. Il est hilarant quand la caméra s'arrête sur son visage, interdit, muet, devant l'aplomb et le discours de Mattie.

 

J B

Quant au personnage de LaBoeuf (Matt Damon), sorte de fanfaron avec ses éperons et sa veste à franges – Mattie le qualifiera de clown - il est exaspérant, vantard, touchant et drôle aussi, particulièrement quand après une scène assez musclée il tente de parler alors qu'il s'est coupé et presque arraché la langue (là j'ai un peu fermé les yeux, je dois dire). On a l'impression qu'il a continuellement une patate chaude dans la bouche, ce qui contraste totalement avec la fierté dans laquelle il s'est drapé depuis le début.

Comme toujours les frères Coen savent fabriquer et filmer des trognes : là, tous les hommes sont horribles, pas un n'a une dent en état, on peut sentir leur haleine fétide, la crasse et la sueur de notre siège de spectateur !

Sans parler de quelques scènes, ouille! Comment dire ? J'ai fermé les yeux à plusieurs reprises !!!

 

Mais le film n'est pas dénué d'humour (les dialogues font souvent mouche), ni d'émotion.

 

Quant aux images, elles sont superbes ! Contrairement aux westerns classiques où tous les protagonistes transpirent sous un soleil assassin, l'action se situe en hiver, ce qui donne des paysages aux couleurs douces, atténuées. Cela m'a rappelé des tableaux, mais impossible de retrouver le nom du peintre, ça va me revenir un jour, j'en suis sûre...

 

Vers la fin du film, alors que tout semble avoir été avalé par une nuit immense et étoilée, à cheval d'abord, puis dans une course à pied effrénée, Rooster tente de trouver du secours pour Mattie. Cette scène intense est à la fois empreinte de réalité brute (le souffle et la sueur du cheval, le visage tordu de douleur et d'inquiétude du marshall) mais elle est également onirique et pleine de poésie (le ciel immense, les sons amplifiées des souffles, des sabots et des pieds sur le sol, l'apparente  lenteur de l'avancée...). C'est beau, tout simplement !

 

Dans ce film, comme toujours, les frères Coen donnent aussi leur vision de l'Amérique, et il me semble que dans True Grit, elle est résumée par la scène finale – que je ne vous raconterai certainement pas – quand on retrouve Mattie devenue adulte, bien loin de la jeune fille enjouée, déterminée et attachante du début, elle a le visage renfrogné, elle est amère, comme cette Amérique qui n'est pas ce qu'elle aurait dû devenir.

 

Je n'ai pas vu la version de Henry Hathaway (100 dollars pour un shérif, 1969) mais il me semble difficile maintenant d'imaginer un autre marshall que Jeff Bridges. Rien que pour l'interprétation magistrale du trio d'acteurs, il faut aller voir ce film.

 

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3 mars 2011 4 03 /03 /mars /2011 07:30

 

affiche1Le choix de Luna
Réalisé par Jasmila Zbanic (Bosnie)
Avec Zrinka Cvitesic et Leon Luvec

C’est l’histoire de Luna, jeune hôtesse de l’air, amoureuse d'Amar, aiguilleur du ciel. A Sarajevo ils vivent la vie de nombre de jeunes couples ailleurs dans le monde. Ils s’aiment, veulent un enfant, sortent avec leurs amis, vont danser, boire…
Tout semble aller pour le mieux pour eux, mis à part le fait qu’ils ont des difficultés pour avoir un enfant. Mais tout bascule quand Amar est renvoyé pour six mois pour des problèmes d’alcoolisme.
Le temps passe, il rencontre un ancien camarade du temps de la guerre. Ce dernier est wahabbite (courant fondamentaliste de l'islam) et sa femme porte le niqab. Il propose à Amar de venir enseigner l’informatique dans sa communauté. Après quelque temps passé dans cette communauté, Amar revient transformé. Luna ne comprend pas ce changement et ne l’accepte pas même si elle sait qu’Amar l’aime toujours.

La Bosnie a beau être majoritairement musulmane, les habitants ne sont pas forcément pratiquants et Luna ne supporte pas de voir qu’Amar prend le chemin de l’intégrisme. Elle essaie pourtant de comprendre, même si on sent bien qu’elle ne supporte pas la place faite aux femmes notamment, et qu’elle est révoltée quand, sans y être conviée, elle assiste au mariage d’un membre de la communauté wahabbite avec une mineure qui ne semble pas consentante.

tn-le-choix-de-luna-2011-21273-1446479974Luna n’a évolué que dans une communauté tolérante et peu pratiquante, d’ailleurs la fête de l’Aïd chez sa grand-mère ne suit pas le rituel traditionnel, on y chante, on y boit de l’alcool. Aussi Luna est-elle déroutée face au changement si radical d’Amar. Certes ce dernier va mieux, il a trouvé un équilibre et grâce à son retour à la pratique religieuse, il ne boit plus.

La réalisatrice ne veut pas condamner, elle essaie de comprendre ce mouvement intégriste, comme Luna.
L’empathie fonctionne complètement tout d’abord avec ce couple que Jasmila Zbanic fait réellement exister à l’écran en nous entraînant dans des petites scènes parfois incongrues de leur quotidien (scènes d’amour, scènes de salle de bain et de toilettes, scène de lessive…).

tn-le-choix-de-luna-2011-21273-1521596428

Puis c’est de Luna que nous nous rapprochons (peut-être que ça marche plus avec les femmes qu’avec les hommes), cherchant à comprendre l’éloignement d’Amar. Mais ce qui est montré c’est surtout la Bosnie, pays toujours englué dans son passé récent de guerre. C’est ce traumatisme que la réalisatrice veut montrer et elle le fait avec beaucoup de pudeur notamment dans la scène où Luna retourne pour la première fois voir la maison de son enfance, celle où sa mère a été abattue, celle dont sa famille a été spoliée. Ce traumatisme qui a sans doute rapproché Luna et Amar (ils ont subi les mêmes pertes) , mais qui les éloigne aussi l’un de l’autre.

Un film dont la mise en scène n’est pas exceptionnelle, mais j’ai aimé le jeu sensible et sobre des acteurs et surtout j’ai découvert une actrice lumineuse, Zrinka Cvitesic.
Les films venant de Bosnie sont rares sur nos écrans, je ne regrette pas d’avoir eu la curiosité de faire cette rencontre et ne peux que vous encourager à faire de même si un cinéma de votre région le programme.

 

 

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11 février 2011 5 11 /02 /février /2011 11:57

Tout le monde en parle, tout le monde est sûr qu'il va rafler tous les oscars, il fallait donc que j'aille de toute urgence le voir. Mais quand les avis sont aussi unanimes, je me méfie, j'ai peur d'être déçue – même quand il y a Colin Firth.

 

Le disocours afficheLe Discours d'un roi – Tom Hooper

 

On connaît l'histoire  (ou pas) : le second fils du roi George V est bègue et il vit un calvaire dès qu'il doit prendre la parole en public. Sa femme , Elisabeth, la future Queen Mom, le soutient avec énergie et finit par lui trouver un « ortophoniste » peut conventionnel qui lui permettra d'assumer son rôle de Roi lorsque le frère aîné abdiquera pour épouser Wallis Simpson (deux fois divorcée, la coquine).

Voilà pour le pitch.

 

Alors que dire au milieu de toutes ces critiques dithyrambiques ?

Et bien oui j'ai aimé, j'ai passé deux heures magnifiques devant des images somptueuses et des acteurs tous époustouflants.

 

On peut regretter que le film soit un peu trop académique. Mais s'il y a effectivement une certaine raideur dans la mise en scène, elle est en accord avec le poids des conventions et des codes de cette époque de l'Angleterre post-victorienne.

Les décors et les costumes sont superbes, avec une réserve pour la toute dernière scène qui fait un peu « décor de carton » – Buckingham aurait pu faire un effort et laisser le vrai balcon à Colin Firth quand même !

 

Ce film est émouvant et drôle. Emouvant parce qu'il met en lumière la douleur d'un homme qui ne trouve aucune compation pour son handicap dans son milieu. Et là, Colin Firth est brillantissime, il sait bégaiyer, certes, mais ce n'est pas là qu'il excelle. Il est magnifique dans les scènes de colères, dans les moments où la prise de parole devient autant une souffrance physique que morale, dans les scènes où face à un frère arrogant et méprisant, il redevient un petit garçon muet et apeuré. Voilà c'est dit ! Colin Firth mérite emplement tous les lauriers qu'on voudra bien lui donner.

Mais il n'est pas seul à faire que ce film mérite d'être vu.

Si Colin Firth est aussi génial, c'est que d'autres acteurs exceptionnels lui donnent la réplique.

Geoffrey Rush met de l'insolence, de l'impertinence, de la malice dans son personnage. Ce Lionel Logue ne cesse de commettre des crimes de lèse-majesté en appelant son Altesse royale Bertie, en le secouant physiquement et verbalement. Il est le seul à se comporter normalement avec lui, à voir l'homme et non seulement le prince. Ses méthodes sont loin d'être conventionnelles mais elles fonctionnent car elles ne séparent pas la technique de l'humain.


Que dire de sa femme, Myrtle (quel beau nom !), jouée par la magnifique Jennifer Ehle (vous vous souvenez ? la grande Elisabeth Bennet, déjà avec Colin pour partenaire). Elle n'apparaît pas beaucoup mais toutes ses scènes sont un pur bonheur – notamment celle où elle découvre le roi et la reine dans son salon (hilarant !).

Quant à Helena Bonham Carter, elle donne à son personnage l'assurance que Bertie n'a pas, et on l'imagine très bien des années plus tard, toujours pétillante, coiffée de chapeaux improbables et saluant au balcon du palais.

Guy Pearce aussi est étonnant dans le rôle de ce roi dandy, sans doute vampirisé par Wallis Simpson. Son sourire carnassier laisser imaginer ce qu'il a pu faire subir comme humiliation à son jeune frère.

Au-delà de retracer une partie de la vie de George VI, ce film parle également de la parole, de son pouvoir, surtout à une époque où la technique - la radio, et bientôt la télévision – va devenir le nouvel enjeu du pouvoir et changer le rapport entre les dirigeants et le peuple. Sans la radio et la nécessité de s'y exprimer pour toucher tous les peuples de l'Empire, dans leurs foyers, le handicap de George VI serait presque passé inapperçu. La scène où le roi regarde en famille le film de son couronnement et où le film continue par les actualités est intéressante de ce point de vue. Il est fasciné par Hitler, son éloquence, la force qu'il met dans la voix et le discours, et on voit bien là qu'il sent que c'est ce pouvoir là qui lui manque.

 

Mais c'est aussi cette scène qui m'a mise un peu mal à l'aise et qui m'a fait penser qu'il fallait que je remette un peu le nez dans l'histoire anglaise. Il me semble, mais sans certitude, que la fascination que le roi éprouve en regardant ces images ne concerne pas que le discours, mais aussi l'homme et sa politique. J'ai souvenir (à vérifier), que ce roi avait de la sympathie pour le régime allemand, tout comme son frère et Wallis Simpson.

 

Mais à l'évidence le réalisateur n'a pas souhaité aborder ce thème – qui pourrait faire l'objet d'un autre film – et a préféré axer son propos sur le duo Bertie/Lionel.

Et si finalement le vrai personnage principal n'était pas le roi mais Lionel Logue ?

Un film à voir quoi qu'il en soit.

 

 


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