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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 07:35

 

oh boyOh, Boy ! - Marie-Aude MurailCoup de coeur

 

Siméon (14 ans), Morgane (8 ans) et Venise (5 ans)  n’ont vraiment pas de chance. Leur père a disparu dans la nature et leur mère vient de se suicider en avalant du « canard vécé ». Les services sociaux se penchent sur leur cas, mais il n’est pas facile de caser une fratrie.

Les jeunes Morlevent ont pourtant fait un « jurement », celui de ne jamais être séparés. C’est Siméon  - surdoué, il est en terminale à 14 ans – qui suggère une solution à la juge et à l’assistante sociale. Il se souvient que son père a eu d’autres enfants avant eux, qu’il a aussi abandonnés. Ces enfants sont maintenant adultes, il n’y a qu’a leur demander de devenir tuteur, voire même qu'ils les prennent en charge.

La juge retrouve effectivement les deux autres Morlevent, mais l'affaire n’est pas si simple.

Josiane Morlevent, ophtalmologue en mal d’enfant, se verrait bien adopter Venise, petite poupée blonde aux yeux bleus, spontanée, très demandeuse de bisous et grande distributrice de dessins de cœurs quand elle vous aime, ou de diables si vous l’avez énervée ou peinée. Mais les deux autres avec leurs lunettes et leurs oreilles décollées, ça ne la tente pas, Josiane.

Quant à Barthélémy Morlevent, 26 ans, c'est un glandeur de première, instable, égoïste et surtout très « pédésexuel »,  sauf peut-être quand son regard s’attarde sur les rondeurs et la poitrine généreuse de la juge. Bref, il n’a de toute façon pas vraiment les atouts pour devenir un tuteur responsable. D’ailleurs, il ne veut pas le devenir ! Tout ce qui de près ou de loin ressemble à un problème ou une attitude adulte…il fuit. Mais on ne refuse pas une convocation chez une juge, qui voulant le tester, lui impose les enfants les samedis. Le reste du temps, les jeunes Morlevent vivent dans un foyer en attendant la décision de justice.

Pas facile pour eux, et surtout pour Siméon qui en tant qu’aîné et de surcroît surdoué, se voit obligé d’endosser le rôle d’adulte, alors qu’il n’est toujours qu’un enfant. Un enfant fragile, qui a peur de ce qui se propage sur ses bras. Et il a raison d’avoir peur Siméon, parce qu’il est atteint d’un cancer.

Le roman pourrait glisser vers le sordide, mais c’est sans compter avec le talent et la délicatesse de Marie-Aude Murail. Elle aime ses personnages, elle ne les maltraite jamais vraiment, même quand elle les fait passer par des épreuves aussi douloureuses.

Siméon va devoir affronter la maladie, l’hôpital et les soins qui apportent parfois plus de douleur et de désespoir que la maladie elle-même. La souffrance sera si grande qu’il voudra baisser les bras. Mais il est entouré d’une équipe médicale hors pair et surtout, il y a Barthélémy. L’incroyable, l’unique Bart !

Si au début l’auteur met en jeu l’avenir de ces trois enfants, au fond, c’est plutôt de Bart qu’il s’agit. Les enfants sont là pour l’aider à grandir, à assumer ses responsabilités, à sortir de sa bulle et enfin aller vers les autres.

Bart qui ne lit rien d’autre que Spirou, qui lors des prises de sang de Siméon, requiert plus d‘attention que le pauvre garçon, qui dit à Morgane qu’elle est moche, qui se fiche pas mal de sa jeune voisine qui se fait battre par son mari…un Bart que la vie des autres ne semble qu’effleurer.

Mais c’est bien grâce à ce personnage, ses répliques cinglantes et si drôles, ses bourdes, ses hésitations, ses retours en enfance lorsqu’il joue aux Barbies avec Venise, que le récit est supportable.

C’est bien grâce à lui qu’au cours de cette lecture les larmes se transformaient toujours rapidement en sourire.

J’ai aussi beaucoup aimé le personnage de Venise, petite poupée qui noue et dénoue les situations avec l’innocence et l’intuition de ses 5 ans. Mais celle qui m’a beaucoup touchée tant elle est « vraie », c’est Morgane, tout en retenue, en peur, coincée avec son physique ingrat, entre son frère surdoué et sa sœur vers qui tous les regards convergent. Elle n’existe pas Morgane, elle est transparente aux yeux des autres. Jusque-là , elle s’en accommodait, mais il arrive un moment où elle ne peut plus.

Tout est si juste dans ce roman. Jamais Marie-Aude Murail ne sombre dans le sentimentalisme. Elle ne donne pas non plus dans le « happy end », elle propose simplement à ses personnages un petit arrangement humain, donc loin d’être parfait, avec la vie et l’avenir.

 

J'ai un aveu à vous faire : grâce à ce roman et à Venise, je sais maintenant des choses, et quelles choses !, sur la vie sexuelle des Barbies, avant et après l'arrivée de Ken...wouaah ! 

Merci à Asphodèle d’avoir fait voyager cette très sympathique famille. Son avis  ici.

 Voir aussi , entre autres, l’avis de Sharon et de Lasardine.  

Un de plus pour le challenge Littérature jeunesse/Young adult

challenge-jeunesse-2



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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 07:20

 

L'affaire Jennifer JonesL'Affaire Jennifer Jones – Anne Cassidy

 

Quatrième de couverture : Alice Tully. 17 ans, jolie, cheveux coupés très courts. Etudiante, serveuse dans un bistrot. Et Frankie, toujours là pour elle. Une vie sans histoire. Mais une vie trop lisse, sans passé, sans famille, sans ami. Comme si elle se cachait. Comme si un secret indicible la traquait...

 

 

Alice est discrète, elle habite avec Rosie une assistante sociale, et partage sa vie entre son travail de serveuse et son petit ami.

Alice semble toujours sur la défensive, et inquiète, surtout quand elle feuillette les journaux. Elle est obsédée par les articles sur Jennifer Jones, une jeune fille tout juste libérée après avoir purgé une peine de prison pour le meurtre d'une autre enfant quand elle avait 10 ans.

Si Alice s'intéresse tant à ce qu'on peut dire sur cette jeune meurtière, c'est qu'il y encore six mois, elle s'appelait Jennifer Jones.

Sa réinsertion ne sera possible que si les journalistes et la société en général lui en laissent la possibilité. Les journaux à sensation sont à l'affût, un bon scandale, ça fait vendre ! Il y a aussi un détective qui la recherche activement en collant dans la ville des photos d'elle. Elle a changé depuis son incarcération bien sûr, mais s'ils découvrent sa nouvelle identité, elle devra déménager, se cacher et tout recommencer.

Le roman nous amène dans un premier temps à connaître Alice, à travers son quotidien. On découvre une jeune fille presque comme les autres qui tente de se reconstruire, de se pardonner, si c'est possible. Elle apparaît fragile et incapable d'aimer ou de se laisser aimer. Pourquoi mériterait-elle d'être heureuse après ce qu'elle a fait ? Avec justesse et finesse Anne Cassidy dresse un portrait psychologique d'Alice tout à fait crédible et on se prend à aimer ce personnage, à vouloir qu'elle s'en sorte malgré ce qu'elle a fait.

Puis le récit alterne, comme dans un roman à suspens, entre le présent et le passé d'Alice/Jennifer.

Petit à petit, les éléments qui ont amené au meurtre sont mis en place. L'auteur décortique les événements qui ont conduit Jennifer à tuer une autre petite fille, et dépeint avec réalisme son environnement familial et social.

On voit Jennifer, enfant, vivant avec sa mère, mannequin, plus préoccupée par elle-même que par sa fille qui se retrouve d'ailleurs parfois confiée à sa grand-mère pas très aimante ou à des familles d'accueil. Cela n'empêche pas Jennifer d'être en admiration devant sa mère, et terriblement en demande d'amour maternel. Les petits amis de la mère défilent, les déménagements et les problèmes d'argent aussi, et Jennifer et sa mère finissent par s'installer à Berwick Waters. L'enfant s'y fait des amies, ses petites voisines, Michelle, et Lucy. Comme entre tous les enfants, il y a des disputes et des jalousies. Mais de là à amener Jennifer à tuer une de ces filles ! Certes, sa vie n'a pas été géniale jusqu'à ses dix ans, mais tous les enfants maltraités, physiquement ou psychologiquement ne deviennent pas criminels.

 

Voilà un roman noir, intelligemment construit, et qui au-delà du suspens et de l'histoire (cette jeune fille va-t-elle s'en sortir ? ) pose beaucoup de questions.

Sur notre société et la seconde chance qu'elle est supposée accorder. Un meutrier , une fois sa peine purgée, a-t-il le droit à l'oubli ? Sur la responsabilité de la famille ou de l'environnement social des meurtriers . Qu'est-ce qui peut pousser un enfant apparemment sans plus de problèmes que d'autres, à tuer un autre enfant ? La cause est-elle extérieure ou inhérente à la personne ?

Il nous interroge aussi sur nous-même - et si on apprenait que Jennifer Jones revenait vivre à côté de chez nous ?

La grande peur d'Alice, c'est que les journaux dévoilent sa présence au public. Le roman met en avant le rôle répugnant des journaux à scandales anglais. Mais Anne Cassidy nous met aussi en face de notre responsablité en tant qu'individu et citoyen : ces journaux existeraient-ils si'il n'y avait pas un besoin malsain du public - dont nous faisons partie - de connaître les potins et de voir du sentationnel ?

En Angleterre, ce roman a été élu en 2004 meilleur roman pour adolescents. Et c'est à juste titre car il s'agit d'une histoire forte, bouleversante et dérangeante.

Tout au long de ma lecture j'ai pensé au film de John Crowley, Boy A,(2009) avec le déjà excellent Andrew Garfield et le toujours magnifique Peter Mullan. Le thème est le même, la vision pessismite sur la société et le rôle des médias aussi.

L'avis de Yspaddaden

 

Lu dans le cadre du challenge Jeunesse/Young adult

challenge-jeunesse-2
et dans le cadre du Mois anglais

tea2

 

    
 

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26 décembre 2011 1 26 /12 /décembre /2011 08:10

 

Liberté, égalité, chocolatLiberté, Egalité, chocolat Alex Shearer

Le Parti Qui vous veut du Bien est sorti largement vainqueur des élections. Dès leur installation au pouvoir, les dirigeants imposent une réglementation sur le chocolat et toutes les sucreries qui deviennent aussitôt des produits illégaux.

La fabrication est immédiatement stoppée, les stocks détruits. Ce Parti se veut celui de la bonne hygiène de vie et de la lutte contre les maladies liées à une mauvaise alimentation.

Une Patrouille anti-chocolat est mise en place, elle traque les détenteurs de sucreries à l'aide de robots renifleurs et envoie les indisciplinés en centre de rééducation. Pour cela la Patrouille est aidée des Jeunes Pionniers, chargés d'espionner et de dénoncer toute personnes ne respectant pas la Loi.

« Le Parti Qui vous veut du Bien sait ce qui vous convient, il ne se soucie que de votre intérêt. En conséquence, toute décision vous concernant lui appartient, dans tous les aspects de votre vie. »

Si une partie de la population est d'accord avec cette nouvelle loi qui protège la santé des citoyens, d'autres s'insurgent contre les méthodes employées.

Arthur et Sébastien sont dans la rue, les poches pleines de bonbons, quand la Milice fait l'annonce de l'effet immédiat de la nouvelle réglementation.

Ils se sentent coupables, mais surtout, ils trouvent cela très injuste.

Petit à petit, ils vont devenir « résistants », et avec l'aide d'une vieille commerçante et d'un libraire, ils vont organiser du marché noir et la fabrication clandestine de chocolat. C'est vrai, ça ! Ils ne peuvent pas continuer à manger les substituts insipides que le Gouvernement impose à la population !

Le mouvement va prendre de l'ampleur, jusqu'à la Révolution, et le renversement du Parti totalitaire.

De façon très simple, sous forme de roman d'aventures, Alex Shearer aborde des notions importantes de citoyenneté. Liberté, Egalité, chocolat permet de parler de la grande Histoire (Seconde Guerre Mondiale, mais aussi Prohibition aux Etats-Unis), de dictature, du droit de vote - le Parti qui vous veut du Bien est arrivé au pouvoir parce que beaucoup d'électeurs ne se sont pas déplacés, pensant que les jeux étaient déjà faits – (ouf ! heureusement que ça n'arrive que dans les romans !).

L'ensemble peut paraître un brun simpliste, mais ça fonctionne très bien auprès des 10-12 ans. Ils prennent tout d'abord plaisir à ce récit, en suivant Arthur et Sébastien dans leurs aventures et leur lutte contre les méchants, d'autant plus que c'est aussi souvent drôle.

Les deux jeunes ne sont pas des héros, juste des enfants qui, comme tous les enfants, ne supportent pas l'injustice (et encore moins qu'on touche à leurs sucreries !).

L'ensemble est bien écrit, et si ce roman permet en plus d'aborder des thèmes importants, il ne faut pas se priver (...de chocolat !).

En tant qu'adulte j'ai bien sûr aussi pensé à 1984 d'Orwell.

Croyez-moi, si jamais, sous prétexte de crise économique mondiale, on nous supprime aussi le chocolat, je compte bien organiser un réseau de résistance, avec Syl. aux marmites, et toutes celles et ceux qui voudront bien se joindre à nous pour la distribution et la dégustation. J'ai comme l'impression qu'on serait nombreux !

Chocolat

« Le Parti qui vous veut du Bien

De la santé est le gardien.

Nous savons ce qui vous convient,

De penser il n'est plus besoin.

Relaxez-vous, reposez-vous,

Le Parti réfléchit pour vous ! »

Brrr ! Ça fait peur...


Roman lu dans le cadre du challenge Jeunesse/Young adult

challenge-jeunesse-2et dans le cadre du Mois anglais

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21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 07:25
carnet intime d'un vampire timideCarnet intime d’un Vampire Timide: dur d’être un ado et suceur de sang - de Tim Collins
Comme beaucoup d’adolescents, Nigel écrit un journal où il exprime ses états d’âme. Mais Nigel n’est pas un adolescent comme les autres…il a été « transformé » quand il avait 15 ans, il y a presque 100 ans de cela. Ses parents, un couple de vampires mariés depuis 200 ans lui ont donné une petite sœur, vampire aussi, bien évidemment.
Comme tout vampire qui se respecte, et à l’image de sa famille, Nigel devrait être beau, avoir un pouvoir de persuasion sur les humains, il devrait aussi se mouvoir plus vite que la lumière, et être doté d’une force surhumaine. Et bien il n’a rien de tout cela, et c’est bien ça son drame.  Par contre comme tout ado humain qui se respecte, il a de l’acné, est mal dans son corps et ne sait pas comment s’y prendre avec les filles !
Quel calvaire quand la très jolie Chloé arrive dans sa classe ! Il se sent tout tourneboulé et la simple évocation de son groupe sanguin ou de sa nuque lui fait pousser ses canines !!! Du coup il ne peut pas lui parler et a peur de passer pour un débile… Pas facile d’être un vampire timide et moche…
Comme si ce n’était pas suffisant,  il a honte de ses parents, surtout de son père qui refuse de passer à l’ère moderne et se pavane en costume ringard et chemise à jabot. Bon, c’est  vrai, ça n’arrive pas qu’aux jeunes vampires… Vous n’avez jamais eu honte, vous aussi?
Et sa sœur ? Une peste ! Elle n’arrête pas de l’asticoter et fait des histoires à chaque repas. Elle passe par différentes phases : tantôt elle refuse de se nourrir de sang humain et entreprend un régime tout-animal, tantôt elle ne veut même plus de sang de ces pauvres petites bêtes qui souffrent tant…on a de l’éthique ou on n’en a pas !
A cause de ses pouvoirs qui semblent ne jamais vouloir se développer , Nigel, lui, ne peut même pas aller chercher sa nourriture : ses parents vont « chasser » pour lui.
Ce petit roman très sympathique reprend tous les problèmes habituels que peuvent ressentir les ados et les passe au crible du roman de vampire. Tim Collins manie avec aisance la parodie et l’humour, on ne s’ennuie pas un instant.

Le carnet intime de ce jeune vampire est truffé de petits dessins crayonnés, de poèèèèmes manuscrits, comme dans un vrai carnet, le tout présenté sur des pages avec des lignes comme dans un vrai carnet. On y croirait presque à ce jeune vampire qui traîne au lycée avec les gothiques, parce qu’il n’y a qu’avec eux que son teint blafard et ses vêtement noirs ne font pas tache. Pourtant il les trouve totalement ignares sur les vampires. Rendez-vous compte : ils pensent qu’on peut tuer un vampire à coup de pieu dans le cœur ! parce que quelqu’un d’autre y résisterait, peut-être ? Et une haleine qui sent l’ail, ça ne fait fuir que les vampires ? A d’autres ! Quant à la transformation des vampires en chauve-souris, franchement, Si et ses idiots de copains feraient mieux de réfléchir un peu : « Si a gagné le gros lot des incultes en disant que les vampires se transformaient en chauve-souris. Ah ! Ils peuvent vraiment ? Et tes os, ils deviennent quoi pendant que tu te transformes ? Ils rétrécissent et s’agrandissent par magie ? Et les vêtements ? Ils réapparaissent quand tu reprends forme humaine ou alors tu es tout nu ? Ce ne serait pas très utile de pouvoir se transformer en chauve-souris si tu dois passer le reste de la journée à poil ! » (Comme Nigel, c’est une remarque que je me suis souvent faite pour les super-héros…)

Une lecture sympathique, qui change, se moque un peu des récits de vampires et aborde avec humour les problèmes rencontrés par tous les ados. Le style est simple et rend le roman accessible dès 10 ans.

Mais si j’ai eu plaisir à découvrir cette histoire, j’ai été aussi très agacée par le nombre de mots mal orthographiés (« magasine » ???) et de participes passés devenus infinitifs ou accordés en dépit de toute cohérence grammaticale (j’étais à peine arrivée à la moitié de ce petit roman que j’en avais déjà compté 20). 

Comment ça je suis une enquiquineuse ????

 

L'avis de Hérisson

 

Lecture qui entre dans le challenge littérature jeunesse/Young adult

challenge-jeunesse-2

et mois anglais

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15 décembre 2011 4 15 /12 /décembre /2011 08:04

Cette semaine un rendez-vous qui va me permettre d'honorer deux challenges : Jeunesse/Young adult et le mois anglais.

Le secret de l'épouvanteurLe Secret de l’épouvanteur - T.3 – Joseph Delaney

Tom Ward, septième fils d’un septième fils, continue son apprentissage auprès de l’épouvanteur. Et ce n’est pas de tout repos. Son maître, M. Grégory,  est du genre dur à la tâche, et acariâtre. Mais il est vrai que quand on passe sa vie à pourchasser les sorcières et les gobelins, on n’a pas envie de rire tous les jours. Malgré tout Tom ne se sent pas si mal dans la maison de Chipenden, non loin de sa nouvelle amie Alice, jeune fille qui semble vouloir échapper à sa condition de sorcière.

Un jour, l’épouvanteur reçoit un message qui l’inquiète suffisamment pour lui faire avancer leur départ pour Anglezarke et sa maison d’hiver. L’hiver justement est à peine commencé et s’annonce déjà terrible. La maison se révèle lugubre, froide et humide et la cave recèle des êtres à faire frémir, notamment une sorcière lamia – lisez cette très bonne série si vous voulez tout savoir sur ce type de sorcière sans jamais avoir osé le demander.

Tom n’est donc pas au bout de ses découvertes et s’apprête à vivre encore des moments très difficiles. Il va devoir lutter contre un nécromancien très proche de l’épouvanteur, et qui tentera par des moyens ignobles de rallier Tom à sa terrible cause. Tom devra aussi supporter la séparation d’avec son amie Alice, et vivre la perte d’un être cher. Au cours de ses aventures dans ce volume, il va en découvrir plus sur son maître et les relations complexes qu’il entretient avec certaines sorcières.

Tom va devoir décider si oui ou non il reste fidèle à l’épouvanteur, il va aussi comprendre pourquoi le vieil homme peine à cacher son aversion pour Alice.

Dans Le Secret de l’épouvanteur, sans toutefois en révéler trop, l’auteur dresse un portrait plus humain de l’épouvanteur. Cet épisode moins mouvementé (encore que…)  réussit à nous étonner encore et toujours. L’épouvanteur et son jeune apprenti se sont pas au bout de leur peine.

le combat de l'épouvanteurLe Combat de l'épouvanteur - T. 4 - Joseph Delaney

  Après un hiver particulièrement difficile, Tom passe l’été à Chipenden à parfaire son apprentissage avec l’épouvanteur, et ses connaissances des sorcières avec son amie Alice.

Mais bien vite nos trois héros vont devoir à nouveau lutter contre les forces du Mal . Et cette fois-ci, il y a urgence car les trois clans de sorcières du district de Pendle, pourtant jusque-là ennemis - les Deane, les Malkin et les Mouldheel - ont fait alliance, et la mise en commun de leurs pouvoirs les rend extrêmement dangereux. Avec leur nouvelle force, les sorcières de Pendle pourraient invoquer le Diable.

Mais Tom doit avant tout retourner à la ferme familiale qui, depuis la mort du père est revenue selon la tradition, au frère aîné. Sauf une pièce, celle que la mère gardait précieusement pour elle seule. Elle a donné les clés à Tom ainsi que toutes les malles contenues dans la pièce. Tom part donc chercher ces malles avec Alice, mais à leur arrivée ils découvrent la ferme détruite, et la pièce de sa mère qu'elle lui avait pourtant dit inviolable a été ouverte. Son frère Jack, sa jeune femme et leur fille ont disparu. Les sorcières sont-elles derrière tout cela ? Sans aucun doute. Tom va tout faire pour sauver sa famille. L'intrigue dans ce nouveau volume est d'une grande richesse. Tom va faire face seul à de nombreux dangers et faire des sacrifices, il va aussi en apprendre plus sur sa mère et la famille de celle-ci. Autre découverte, il se rend enfin compte qu'il a du charme et que les jeunes sorcières n'y sont pas insensibles.

Ce quatrième opus est très sombre, les personnages ne sont pas épargnés, et encore une fois Delaney parle de choix à faire, de loyauté, de tolérance, tout cela avec une plume qui ne faiblit pas, bien au contraire.

L’Apprenti épouvanteur et La Malédiction de l’épouvanteur  ici.

D’autres billets chez Syl et Eiluned

 

Chez Hérisson :

 

Deux de plus pour le challenge Jeunesse / Young adult

challenge-jeunesse-2

et deux pour le challenge Mois anglais    

ennui

 

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 00:00

 

Bientôt les fêtes de Noël, vous pensiez sans doute que j'allais vous parler de Père Noël, d'elfes et de gentils enfants qui préparent leur liste de cadeaux...et bien non !  

Je continue ce rendez-vous de Hérisson et je vais vous parler d'enfants, d'ados, oui, mais de violence, de prison, de non-retour....   et surtout de deux magnifiques petits romans.

garde-a-vieGarde à vie – Abdel Hafed BenotmanCoup de coeur

 Hugues, 15 ans,  est arrêté par la police alors qu’il faisait un rodéo avec une voiture volée. Ce n’est pas lui qui conduisait mais il refuse de dénoncer son copain. Il se retrouve en garde à vue, puis en prison, dans une minuscule cellule qu’occupe déjà Jean, un petit tyran à peine plus âgé que lui. Dès son entrée dans la cellule, Hugues subit la violence de Jean , les humiliations, le racket, la cruauté au quotidien, les menaces sur sa mère sans parler de l’attitude des gardiens aveugles et sourds à tout ce qui se passe.

Benotman connaît bien le milieu carcéral, il y a passé 17 ans. Il livre ici un roman très noir qui ne cache rien de l’horreur de l’univers carcéral : le sida ravageur, la drogue  faiseuse d’oubli et de conflits, la violence banalisée, la solitude, le désespoir et même le suicide.

Grâce à une écriture sans fioritures, l’auteur dénonce la machine à détruire qu’est la prison, il met une claque au fantasme véhiculé par certains jeunes sur la prison qui ferait d’eux « quelqu’un ».

Le cauchemar que vit Hugues est porté par une langue simple, puissante, rageuse et souvent très poétique, rythmée de slams.

Entre récit réaliste, cru, et divagations, ce roman se lit d’une traite, en apnée, espérant une lueur d’espoir pour Hugues.

"La prison ? La première fois ? C'est la leçon. La deuxième fois ? La punition. La toisième fois ? C'est ta maison !"

Abdel Hafed Benotman est né à Paris en 1960. Très jeune, un parcours de révolte l'amènera à connaître, dès l'âge de seize ans, l'univers des prisons où il purgera en tout 17 années en trois incarcérations.
Militant et activiste, il co-fonde le journal de luttes anti-carcéral L'Envolée et anime une émission radio du même nom sur «Fréquence Paris Pluriel». Frappé par la dite double peine, il vit sans papiers jusqu'à aujourd'hui. Il continue de lutter contre tous les enfermements. Il joue au théâtre et au cinéma pour lesquels il écrit également.

 

Je mourrai pas gibierJe mourrai pas gibier - Guillaume GuéraudCoup de coeur

Le jour du mariage de son frère, Martial prend une carabine, il tire dans le tas et fait cinq morts et trois blessés.

Martial n’est pourtant pas un de ces jeunes violent ou « à problème ». Dans la voiture de police qui l’éloigne du lieu du crime, un long flash-back lui donne la parole– il se souvient, et permet ainsi au lecteur de reconstituer l'enchaînement d'événements qui l'ont amené à ce geste tragique.

Dans son village, il y a deux clans qui s’opposent, sans vraiment savoir pourquoi, les vignerons et ceux qui travaillent le bois. C'est comme ça depuis aussi longtemps que tous se souviennent. Ils ont pourtant des points communs : la bêtise, la boisson et la chasse. Le destin de Martial serait de travailler aussi à la scierie, et de participer aux parties de chasse avinées. Mais il déteste cette ambiance malsaine, et pour y échapper il préfère partir à l’internat étudier la mécanique. Il ne veut rien avoir affaire avec eux tous. Le seul qu’il aime bien c’est Terence. Lui n’est pas comme les autres, la tronche en biais, il ne chasse pas, il est un peu l’idiot du village c'est pourquoi le frère de Martial et ses abrutis de copains se défoulent souvent sur lui. Le problème c'est que Martial ne supporte pas l’injustice.

Encore une fois c’est noir. L’écriture est sèche, rugueuse, efficace. Guéraud ne condamne pas, n’excuse pas non plus. Avec la plus grande des pudeurs il remonte le fil de l’histoire et essaie simplement de comprendre ce qui peut amener un jeune apparemment sain d’esprit et sans problème à devenir un meurtrier.

Un court roman qui pose bien des questions sur la société dans laquelle nous vivons, et sur la désespérance qu'elle peut générer. Un court roman qui laisse sans voix. Une vraie claque.

Je mourrai pas gibier - BD-copie-1Il existe aussi une adaptation en BD par Alfred.

 

Et deux en plus pour le challenge Jeunesse /Young adult

challenge-jeunesse-2Chez Hérisson, en ce 1er décembre, des romans jeunesse qui parlent de sida : Lettres à qui vous savez de Hervé Debry et La Vie à reculons de Gudule

Prochain rendez-vous le 15 décembre. Et vous ?



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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 07:25

le busLe Bus - Madeleine Robitaille

Le Bus (Titre de l'édition française)

Le Quartier des oubliés (Titre original de l'édition canadienne)

Pourquoi cette différence ? Mystère...

 

Voilà un livre jeunesse surprenant.

Il est proposé à partir de 12 ans, mais franchement, je ne le mettrais pas entre les mains d'un jeune avant 15 ou 16 ans, et encore !

 

Nous sommes au Québec, dans une gare routière en fin de journée, le 14 août. Il fait une chaleur caniculaire.

Un bus part pour un trajet ordinaire, sur des routes de campagne. Une trentaine de passagers est à bord, en grande partie des personnes assez âgées, mais aussi un ado claustrophobe qui accompagne un jeune handicapé mental, une mère de famille et ses trois filles dont la dernière n'a que six semaines. Mia, la cadette a supplié sa mère de ne pas prendre ce bus, sans qu'on prenne au sérieux son appréhension ; encore un caprice sans doute.

Tous prennent ce bus pour des raisons diverses qu'on ne connait pas forcément au début.

Peu de temps après le début du voyage, un homme se lève et oblige le chauffeur à dévier de sa route en le menaçant d'une arme. Et ce preneur d'otages ne plaisante pas, il n'hésite pas à tirer sur un homme qui voulait s'interposer.

Les passagers restent interdits et parviennent à peine à croire ce qui leur arrive.

Le bus est détourné sur un chemin de campagne, les otages sont « invités » à laisser tous leurs bagages, sacs à main et papiers d'identité dans le bus et sont transférés dans un autre véhicule, beaucoup plus petit, où tous les sièges ont été enlevés.

Une fois parqués dans ce bus-prison, ils paniquent en entendant les ravisseurs visser des plaques de bois contre les vitres. Il leur reste à peine quelques lucarnes ici ou là pour laisser passer l'air, enfin, presque, parce que d'air, il n'y en a pas avec cette chaleur.

On leur explique qu'ils doivent se tenir tranquille, qu'ils seront libérés le lendemain dans la matinée, et qu'ils ne doivent rien tenter pour sortir car leurs gardiens, des molosses lâchés dans le terrain, les tueraient sans hésitation. Les ravisseurs partent et les laissent sans explications dans ce bus, un réservoir d'eau à disposition, ainsi qu'une sorte de baignoire en guise de toilettes.

Et là le cauchemar commence.

La nuit et la matinée passent sans que les preneurs d'otages ne donnent de nouvelles.

Le roman est découpé en courts chapitres, qui égrainent, tels une horloge, les heures, puis au fur et à mesure, les minutes jusqu'à une fin si terrible qu'il est difficile de l'imaginer.

Et on passe les heures et les minutes avec ces malheureux qui vont souffrir tour à tour de peur, de fatigue, de soif, de faim, de honte, du manque d'air, de folie, et bien plus encore pendant 48 longues heures.

Pour tout dire, ce roman m'a mise mal à l'aise.

J'ai lu beaucoup de polars,  certains donnaient parfois des descriptions à faire vomir, sans pour autant me faire détourner les yeux des lignes. Mais là... Alors pourquoi ? Peut-être parce que j'avais toujours en tête qu'il s'agissait d'un roman jeunesse et que je trouvais cette classification assez mal appropriée. Peut-être aussi parce que j'y ai trouvé des invraisemblances, et beaucoup de complaisance dans le sordide.

Alors, pour faire court, les points positifs :

  • L'argument de départ : un espace clos, des inconnus divers et variés contraints de rester ensemble et de faire face à une situation extrêmement stressante accentuée par la chaleur.

  • Le réalisme humain de la situation : quand on est coincé comme cela avec trente autres personnes alors qu'il fait presque 40 °, il faut faire (ou pas) avec les odeurs des autres, les corps qui se touchent. Mais aussi en 48h, il est humain d'avoir envie d'aller aux toilettes, et là encore il faut faire fi de la pudeur. Quand dans ces conditions, une personne décède, comment réagit-on face à ce cadavre qu'on ne peut éviter ? Ces aspects là sont assez bien amenés et vus.

  • Les chapitres très courts : ils accentuent le suspense, et font que, comme les passagers, on veut arriver au bout de ce cauchemar.

  • Les passages introspectifs des uns et des autres : ils font comprendre pourquoi ils sont là et ce qui motive leurs réactions.

  • On ne sait rien jusqu'à la fin des motivations des preneurs d'otages, ce qui rend le tout encore plus vain.

Et les points négatifs :

  • Ce n'est que mon avis, mais j'irai jusqu'à dire que c'est écrit à la serpe ! (Ou pour aller plus dans le sens du roman...à la tronçonneuse...). Dès qu'un passager a un malaise ou est atteint d'un coup de folie, on a tout de suite une explication médicale ou scientifique. Par moment j'avais l'impression de lire le Vidal !

  • L'auteur a apparemment voulu explorer les réactions humaines dans des conditions extrêmes. Son objectif est de faire « vrai », sans rien épargner au lecteur, mais le récit sombre vite dans le sordide, et c'est le début du grand n'importe quoi.

  • Autant au début du récit les réactions des uns et des autres étaient assez crédibles, autant vers la fin, la surenchère d'événements incroyables (au sens strict du mot) fait basculer le roman dans le glauque gratuit. La mort d'un enfant est déjà assez pénible, mais l'utilisation de son cadavre telle qu'elle est faite là n'apporte rien de plus à l'histoire. Même chose pour le coup de folie cannibale d'un passager. Quant à la tornade qui d'un seul coup renverse le bus, c'est pour le moins pas crédible.

  • Enfin, il manque de la cohérence là-dedans (mais peut-être suis-je trop cartésienne).  L'auteur veut faire vrai avec des impressions cliniques, alors pouquoi donner autant d'importance au para-normal en faisant d'une enfant une sorte de médium héroïque ?

Donc, si vous voulez savoir ce que ça fait de cohabiter avec des cadavres, d'avoir soif au point de boire des choses dont je vous ferai grâce de l'origine, ou savoir l'effet produit quand on est recouvert de vomissure (de quelqu'un d'autre bien sûr), ou quand un cadavre, sous l'effet de la chaleur, se répand sur vous alors que vous arriviez à peine à entrer dans un micro-sommeil, je vous conseille vivement ce roman.

Sinon, vous pouvez vous abstenir.

La prochaine fois, promis, je vous parle de quelque chose de plus joyeux.

 

  4 ème roman lu dans le cadre du challenge Littérature Jeunesse/Young adult

  challenge-jeunesse-2

 

 

 

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12 octobre 2011 3 12 /10 /octobre /2011 07:01

 

Je continue ma découverte des éditions des Grandes personnes.


Un-jour-copie-1.jpegUn Jour – Morris GlietzmanCoup de coeur

UN JOUR, je me suis évadé d'un orphelinat pour retrouver papa et maman. UN JOUR, j'ai sauvé une petite fille qui s'appelait Zelda d'une maison en feu. UN JOUR, je vivais dans une cave avec sept autres enfants, alors que je n'aurais pas dû. UN JOUR, j'ai fait rire un nazi avec une rage de dents. UN JOUR, j'ai fait mon premier voyage en train, mais je ne dirais pas que c'était formidable. Mon nom est Félix. Ceci est mon histoire.

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Félix, 10 ans, vit depuis deux ans dans un orphelinat catholique. Ses parents, libraires juifs polonais ont voulu le protéger et Félix reste persuadé qu'ils vont venir le chercher. Il sait que les nazis sont des méchants, mais il n'a aucune conscience du drame qui se joue à l'extérieur. Il vit dans son monde imaginaire, n'a pas son pareil pour raconter des histoires qu'il note d'ailleurs dans son cahier jaune.

Un jour,  il voit les nazis brûler des livres à l'orphelinat, la panique le prend, il doit prévenir ses parents et sauver la librairie. Les nazis en veulent aux livres juifs, c'est sûr !

Un jour, il reçoit un signe de ses parents : une carotte dans son bol de soupe.  Il décide donc de partir à leur recheche.

Un jour, je vivais dans un orphelinat dans la montagne alors que je n'aurais pas dû, et j'ai failli provoquer une émeute.

Tout cela à cause d'une carotte.

Vous voyez de quoi je veux parler, quand une bonne soeur trempe sa louche dans une gande marmite en fer pour vous servir de la soupe très chaude, et qu'elle vous oblige à vous approcher tout près pour ne pas en mettre partout, et que la vapeur qui monte de la marmite vous met de la buée plein les lunettes, et qu'on ne peut pas les essuyer parce qu'on tend son bol et que la buée ne s'en va pas même si on prie Dieu, Jésus, la Vierge Marie, le pape et Adolf Hitler ?

C'est exactement ce qui m'arrive. Je réussis tout de même à trouver mon chemin jusqu'à ma table. En me dirigeant à l'oreille.

Dodie, qui mange toujours à côté de moi, fait des gros « slurp » à cause de ses dents de travers. Je tiens donc mon bol au-dessus de ma tête pour empêcher les autres de me piquer ma soupe tant que je suis dans le brouillard, et je me repère aux bruits de Dodie.

Je finis par me cogner contre le bord de la table, pose mon bol et essuie mes lunettes.

C'est là que je vois la carotte.

Après bien des réflexions sur l'organisation de son départ, il finit par choisir le moyen le plus simple.

Un jour, je me suis évadé d'un orphelinat dans la montagne, sans avoir besoin de faire tout ce qu'on fait dans les histoires d'évasion. Creuser un tunnel. Me déguiser en curé. Fabriquer une corde en nouant des robes de bonnes sœurs bout à bout. Je suis sorti par la grande porte, tout simplement.

Commence alors pour lui un long chemin à travers la Pologne, un voyage qui lui fera découvrir les horreurs de la guerre, et il comprendra que les nazis n'en veulent pas seulement aux livres juifs. Son chemin croisera celui de Zelda, une petite fille de 6 ans, très délurée, qu'il prendra en charge, comme un grand. Leur naïveté et leur amour des histoires et des livres leur permettront de se sauver de bien des situations. L'imagination de Félix lui permet de ne pas recevoir l'horreur immédiatement et de transformer la réalité pour la rendre supportable pour lui et pour ceux qui l'accompagnent.

L'auteur n'épargne rien de l'Histoire de la Pologne en 1942, ni à Félix, ni au lecteur : les camps, les massacres, la déportation, l'antisémitisme ordinaire, le ghetto, mais il n'oublie pas les belles rencontres humaines. Il aborde tout cela avec intelligence, à travers les yeux des deux enfants, tout d'abord innocents, puis conscients.

L'histoire est portée par un Félix dont l'enfance meurt à chaque pas qu'il fait, mais qui ne se départit jamais de son humour et de son optimisme, très touchant, et qui permet également de mettre les événements à distance.

Félix a toujours le souci d'autrui, il berce les autres de ses histoires et de ses rêves, et leur permet ainsi un moment de répit. Il le fait surtout pour la petite Zelda, qui avec son caractère bien trempé ne supporte pas l'injustice et le dit haut et fort. Elle lui voue une admiration et un amour immense, même si elle lui répète sans cesse « t'es bête où quoi ? »

Un roman réussi, poignant, qui touche avec intelligence, qui nous fait continuellement passer du rire aux larmes, comme pour nous aider nous aussi à supporter. Un roman qui porte haut les valeurs d'entre-aide et dont le message d'espoir sur l'humanité traverse tout le récit malgré la noirceur des événements. 

  L'avis de Cécile ici.

Premier roman lu dans le cadre du challenge LittératureJeunesse/Young adult 

challenge-jeunesse-2

 

 

 


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31 août 2011 3 31 /08 /août /2011 07:25

 

Il va venirIl va venir - Marcus Malte

 

A force de voir passer le nom de cet auteur chez Bladelor, je n'ai pu résister et j'ai commencé par un roman jeunesse. Mais je ne vais pas tarder à aller voir ce que cet auteur propose pour les « grands ».

 

Dans Il va venir, David raconte sa vie avec « la vieille », celle qu'il appelle Mamie, même si elle n'est pas sa grand-mère. Il va au collège en bus et en profite pour discuter avec le chauffeur qu'il aime bien. Il aime aussi la pêche et dessiner. Tout irait pour le mieux si la vieille ne perdait pas un peu la tête depuis quelque temps. Elle ne fait plus rien qu'attendre son fils, pourtant parti depuis bien des années.

C'est donc David qui s'occupe de tout. Il fait les courses, prépare les repas, s'occupe de la vieille dame. Il fait tout pour que personne ne s'aperçoive de la situation car il a peur d'être placé ailleurs, alors qu'il se sent bien là, dans cette maison perdue dans la montagne.

La situation pourrait durer ainsi longtemps, mais un soir d'hiver, alors qu'il neige à tout va, quelqu'un frappe violemment à la porte. La vieille est persuadée que c'est son fils qui est revenu. David, lui, sent le danger arriver.

Il n'a pas tort.

Petit à petit, l'atmosphère du roman change, et dans la maison, le temps d'une soirée et d'une nuit, tout va basculer.

Un roman noir où la tension est forte, où une situation a priori banale devient en très peu de pages étrange, et vire au cauchemar.

 

Une belle découverte.

Merci à Bladelor dont le billet (un des nombreux qu'elle a écrit sur cet auteur) est .


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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 07:59

 

 

UHonore-UneToutePetiteHistoireD'Amour-copie-1ne toute petite histoire d'amour

Christophe Honoré

 

Quand les rôles sont inversés, quand un enfant devient le parent de son père....

 

Julien a 12 ans, il vit seul avec son père – sa mère, actrice, est morte à sa naissance, et son père ne s'en est jamais vraiment remis, tout son univers tourne maintenant autour de son fils.

 

Julien passe ses dimanches à pêcher au bord du Canal Saint-Martin, des poissons qu'il donne ensuite à Louise, la patronne du bar où son père passe son temps, beaucoup trop de temps...

Chaque dimanche, Louise prend les poissons en disant qu'elle les préparera pour les clients du lendemain mais Julien sait bien qu'ils finiront dans les toilettes ces poissons ! Le mensonge dure depuis des années, il fait partie de la routine de Julien et de son père. Comme le mensonge du père qui affirme que tout va bien.

 

Un jour, une équipe de cinéma arrive au bar de Louise ; ils viennent faire un casting pour un film.

Julien voit là le moyen de faire sortir son père de sa solitude. Ils ont besoin tous les deux que les choses changent, sauf que seul Julien semble en être conscient. Il force son père à passer ce casting et leur vie va changer... pas forcément en mieux au début parce que le monde du cinéma, ça lui rappelle beaucoup trop de souvenirs au père...

 

Une toute petite histoire d'amour est un petit roman sur le lien entre un père et son fils, sur le retour à la vie d'un homme désespéré mais qui n'osait pas se l'avouer, sur un enfant qui devient adulte.

Une très belle histoire où un enfant aide son père à s'ouvrir à nouveau aux autres.

Christophe Honoré allie dans cette histoire les deux mondes entre lesquels son coeur balance : la littérature et le cinéma.


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