Très bonne année à tous !
Profitons des 196 ans supplémentaires donnés à notre planète (si j'ai bien compris) pour faire grossir nos PAL (en 196 ans on a le temps de lire pas mal de belles choses, non ? ). Comment mieux commencer l'année qu'en parlant de Jane Austen ???
La période des fêtes n'a pas été très propice à la lecture, aussi, je me suis régalée de films doudous ... ou pas d'ailleurs.
Jane – (Becoming Jane ) - 2007 - film de Julian Jarrold avec Anne Hathaway et James McAvoy On sait peu de choses de la vie de la grande Jane Austen, sinon que le mariage dont elle parle dans ses romans (en le décriant comme asservissant les femmes, mais aussi en le célébrant comme aboutissement d'un amour réciproque) ne vient pas de son expérience personnelle puisqu'elle n'a jamais été mariée. On sait simplement qu'en 1795 elle a dansé plusieurs fois (comme c'est inconvenant !) avec un certain Tom Lefroy.
C'est à partir de ce minuscule témoignage que Julian Jarrold construit son film. Il imagine Jane, jeune fille à la plume alerte, menant une vie bien rangée dans une famille sans histoire. Cette même Jane rencontre Tom Lefroy, fils d'un Irlandais sans le sou et à la famille (trop) nombreuse. Ils s'affronteront dans d'interminables joutes verbales, et finiront par tomber amoureux. Seulement voilà, Tom na pas le sou et doit subvenir aux besoins de sa nombreuse fratrie. Jane n'a pas plus d'argent et leur union est impossible.
Le film retrace ce qui aurait amené Jane à devenir auteur et à vivre de sa plume, comme la grande Ann Radcliff qu'elle admire. Il montre comment cette jeune fille va se nourrir de sa vie pour construire les magnifiques personnages de ses romans.
On la voit céder à sa passion pour Tom et prête à s'enfuir avec lui au risque de se voir déshonorée. On retrouvera cette passion chez Marianne Dashwood. Avec sa sœur Cassandra et avec Tom, elle est enjouée, et fait preuve d'un grand humour, comme Emma dans son roman. Les premiers contacts avec Tom sont emprunts des mêmes préjugés que ceux d'Elisabeth Bennet et de Darcy, et à l'instar d'Eleonore Dashwood, la raison et la pression de la société la feront renoncer à son amour pour Tom.
On ne sait pas si cette aventure a vraiment eu lieu, et peu importe. Si oui, elle aura sans doute façonné une vie et une auteure – et quelle auteure !-, si non, elle aura au moins permis à un réalisateur de me faire passer un très bon moment au côté d'une Jane en devenir (le titre anglais est beaucoup plus pertinent). Une jeune fille intelligente qui, sans doute comme beaucoup d'autres à son époque, aurait voulu vivre ses passions, aimer, être aimée, et vivre de son don pour les mots et les histoires.
Ce n'est certainement pas un film pour les puristes, mais il donne envie de se replonger dans les romans de Jane Austen, et dans les adaptations cinématographiques.
Et pour celles et ceux qui n'ont pas lu ses romans (il doit y en avoir encore par-ci par là), Jane peut simplement être regardé comme une histoire d'amour contrarié dans une Angleterre engoncée dans ses principes et ses convenances. Une histoire qui se déroule dans une campagne anglaise renversante de beauté. Mais ce qui rend cette histoire crédible, ce sont à mon avis les acteurs. Anne Hathaway est très touchante en Jane à la fois forte et fragile, mais surtout, il y a James McAvoy, qui passe avec grâce du jeune coq effronté au jeune homme désespéré de devoir renoncer à son amour (il était déjà extraordinaire dans Le Dernier roi d'Écosse et tout aussi émouvant dans Atonement).
J'adore toutes les scènes de danse dans les romans et les adaptations de Jane Austen. Pas besoin de mots ici, juste des regards, des sourires...Une de mes scènes préférées.