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Les Mystères de Pompéi – Cristina Rodriguez
Pour avoir osé s'opposer au terrible Séjan, à qui l'Empereur Tibère a confié le pouvoir avant de se retirer à Capri, Kaeso a passé de longs mois en prison. Il n'en sort que grâce au soutien du préfet Septimus, ami de sa famille. Mais le jeune prétorien a été déchu de son titre, a vu ses biens et ceux de sa famille confisqués et se retrouve à Pompéi, petite ville de province, à la tête d'une garnison d'opérette (il y a même un soldat aveugle !) comme chef de la milice locale.
Il y découvre un lieu d'une saleté repoussante, où règne la plus grande anarchie et où les soldats n'ont pas grand chose à faire car il ne se passe jamais rien dans ce coin reculé. Tout le monde se plaît d'ailleurs à le lui répéter. Loin d'écouter tous ces conseils, il décide de mettre de l'ordre et de faire de ses hommes de vrais soldats. J'avoue que les premières descriptions de la caserne m'ont fait penser avec un plaisir certain à des images de campements romains dans les albums d'Astérix... (rappelez-vous, le petit Romain qui étend ses caleçons à pois, le gros bedonant qui se gratte une barbe de 8 jours, entouré de mouches aussi lymphatiques que lui, et le grand sec, somnolant, appuyé sur sa lance, à l'entrée qu'il est supposé surveiller..., vous voyez ? non ? ..si ? ah ! quand même !)
Kaeso, au physique germanique hérité de sa mère Hildr (nom que personne n'arrive à prononcer), qui l'accompagne, ne passe pas inaperçu. D'autant plus que sa plus fidèle compagne est un léopard, Io, qui lui obéit comme un chien (normal, elle n'a jamais vu aucun de ses semblables et se prend vraiment pour un chien). Elle lui sert aussi à l'occasion d'aide enquêteur et se pâme dès qu'on lui donne une sucrerie.
Kaeso a été rétrogradé mais il n'en oublie pas pour autant ses valeurs, et décide d'accomplir sa tâche au mieux. On lui demande de faire régner l'ordre à Pompéi, il le fera, même s'il s'agit simplement de remettre de l'ordre dans la caserne et de s'ennuyer mortellement.
Mais il est à peine arrivé que les cadavres se succèdent, puis un trafic de fausse monnaie vient compliquer encore le tout. On lui fait comprendre que la mort d'un ivrogne ou d'une prostituée ne doit pas le préoccuper plus qu'il ne faut, mais c'est sans compter sur son sens du devoir.
Il va mener l'enquête avec son ami d'enfance, le jeune Caligula (futur Empereur), aidé par sa mère, guérisseuse qui pratiquera des autopsies peu ragoûtantes (certes elles ne le sont jamais, mais là, franchement...), et de sa jeune cousine Concordia, amoureuse de lui, et qui va venir pimenter la vie de la caserne.
Ce roman se laisse lire avec grand plaisir, on suit les aventures et les découvertes de Kaeso sans se lasser. Les rebondissements sont nombreux, les personnages intéressants, le style est alerte et l'humour très présent, notamment à travers le personnage de Concordia, mélange de séductrice, de jeune fille moderne et de miss-catastrophe.
Mais ce qui est très intéressant également, c'est le portrait d'une époque et d'une ville dont on connait le destin tragique.
L'auteur, historienne, sait faire revivre Pompéi grâce à de nombreuses descriptions et mises en situation intéressantes et toujours intégrées parfaitement à l'intrigue.
On découvre à travers les yeux de Kaeso les rues de Pompéi, l'architecture des habitations simples ou riches, la cohabitation de la population avec le volcan. Dans le récit, l'auteur fait une belle place aux rituels du bain, de la table, et aux habitudes vestimentaires, aussi bien qu'aux intrigues politiques.
Une lecture vraiment très agréable, fortement conseillée par Syl., et qui n'attend que de continuer avec le deuxième volume. Ce qui sera fait sous peu.
Voir aussi chez Sharon
J'ai découvert que l'auteur est également connue comme scénariste de manga sous le nom de Claude Neix et elle a donné visages à ses personnages antiques. Allez voir :
http://www.kaesolepretorien.com/index.php