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L'Etrangleur de Cater street– (The Cater street hangman) Anne Perry – traduction de Annie Hamel et Roxanne Azimi
Ce roman est le premier tome d'une loooooooongue série d'Anne Perry mettant en avant les aventures de Charlotte Ellison, jeune fille de bonne famille, et Thomas Pitt, policier, en 1881 dans l'Angleterre victorienne. J'adore cette époque !
Ces deux là n'auraient jamais dû se rencontrer mais le quartier où réside Charlotte et sa famille est le théâtre d'une série de meurtres . Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue somme toute assez simple mais qui se laisse suivre avec grand plaisir.
Et ce plaisir vient surtout de la peinture que fait Anne Perry de cette époque guindée, enfermée dans des principes et des croyances dont les femmes étaient les premières victimes.
Charlotte est différente de ses soeurs et surtout de sa grand-mère, vieille femme campée dans des principes et dans le passé, alors que Charlotte représente la femme du futur, celle qui luttera pour l'émancipation et refusera les contraintes imposées par des hommes qui veulent garder leurs privilèges.
Charlotte lit le journal en cachette, cherche à s'informer sur ce monde à la porte de son quartier, mais qu'on ne lui permet pas de découvrir. Elle a soif d'apprendre, et d'être. Elle prend la parole quand on ne lui demande pas, elle donne son avis, quelle impudence !
Alors que sa soeur aînée est mariée et bien installée dans cette société, et que sa jeune soeur a compris qu'elle ne pourrait avoir un semblant de liberté qu'en se mariant rapidement, Charlotte rejette cette vie en bloc. Elle refuse l'idée de se marier, tout d'abord parce qu'elle est amoureuse de son beau-frère, et qu'aucun autre homme ne sera jamais aussi bien que lui ! Ensuite parce qu'elle a l'intuition qu'une autre vie que celle prévue par sa condition sociale est envisageable.
Et c'est à ce moment de sa vie que Thomas Pitt fait son apparition.
Il est policier, donc vulgaire et pas plus important qu'un domestique pour les gens du monde que sont les Ellison.
Au début, Charlotte pense la même chose, c'est ainsi qu'elle a été élevée. Pitt a bien du mal à s'imposer dans ce milieu persuadé que la criminalité ne touche que les miséreux et les petites gens. Eux sont bien au-dessus de tout cela.
Mais le policier est tenance et intelligent, il va mener son enquête jusqu'au bout malgré l'hostilité de ce beau monde auquel il n'appartient pas. A chaque venue chez les Ellison, à chaque conversation avec Charlotte, il va ouvrir la jeune fille à un monde qu'elle ignore, un monde qu'on lui a caché sous prétexte que les femmes doivent être protégées de l'extérieur. Un monde bien loin du sien où on attend des femmes une conduite irréprochable alors que les hommes mènent parfois de leur côté une double vie.
Pitt va faire craquer le vernis de ce monde d'hypocrites et faire apparaître des comportements que ces messieurs auraient préféré taire.
Anne Perry met ses personnages et leur époque sous un microscope et c'est souvent drôle et féroce. Thomas Pitt sert de révélateur et nous permet d'entrer dans cette société où les nantis et les autres ne se côtoient pas. Les domestiques ne font pas vraiment exception. Ils servent des familles pendant parfois des années sans que les membres de la famille connaissent leur nom ou quoi que ce soit de leur vie. Les Ellison et les autres ne se posent même pas la question (ce n'est pas sans me faire penser à la série Downton Abbey).
Un très bon moment que cette lecture. Et vu le nombre de romans de cette série, je crois que je vais encore me régaler de ces plongées dans cette fascinante époque victorienne.
Pour le challenge Anne Perry et le challenge Thrillers et Polars