La Commissaire n'a point l'esprit club – Georges Flipo
Viviane Lancier n'est pas du genre « commissaire athlétique, sûre d'elle, bien dans son corps, et cultivée », loin de là. Elle est plutôt du genre solitaire, toujours mal fagotée et un peu enrobée. Quant à sa culture … autant ne pas en parler.
J'ai découvert Viviane chez Liliba, et franchement, je ne regrette pas de m'être laissé tenter. Viviane mène de main de fer son équipe mais craque sur le jeune lieutenant Augustin Monot, blond et poète à ses heures. C'est pourquoi quand son supérieur l'envoie mener une enquête incognito dans un club de vacances à Rhodes , elle se voit déjà partager la chambre avec son cher Augustin. Son imagination va bon train sur les crèmes à passer dans le dos et tout le reste, mais voilà, ce n'est pas Augustin qui va l'accompagner, mais Willy Cruyff. Elle est dépitée notre pauvre Viviane. Elle qui avait acheté Alcools d'Apollinaire pour partager de longues soirées poétiques avec le jeune Monot ! Et bien non ! Il va falloir qu'elle supporte de passer une semaine avec Willy, vice-champion de décathlon, beau comme un dieu et toujours d'humeur égale. On se demande bien ce qu'elle a à ronchonner tout le temps, franchement !
Arrivés à Rhodes, ils se font passer pour une cinéaste et son assistant, et tentent ainsi d'approcher l'ensemble des résidents du village de vacances. Les indices sont très minces, et d'après ce qu'ils apprennent ici et là, nombreux sont les cocos et les kikis (comprendre les animateurs), les hétoilas (comprendre les intérimaires), voire même peut-être les chéris (comprendre les vacanciers) qui auraient pu en vouloir à King, le directeur du village, et victime pas vraiment sympathique.
L'enquête, somme toute classique est menée par une Viviane Lancier renfrognée, qui jette son dévolu sur le buffet, et un Willy Cruyff jovial qui profite comme un gamin des possibilités sportives et « artistiques » proposées par le club.
Et c'est bien là l'intérêt de ce roman. Les personnages et ce milieu très particulier de club de vacances où tout est si artificiel. Viviane traîne sa mauvaise humeur, ses envies de chocolat et sa silhouette pas tout à fait conforme au lieu, en évitant à plusieurs reprises un chat empaillé, un jardinier inquiétant et des cadavres sur la plage. Son air peu avenant ne lui amène pas beaucoup de confidences, ce qui n'est pas le cas du charmant Willy qui se fait rapidement des amis et va recueillir bien des indices. Il trouve malgré tout le temps d'aller danser tous les soirs la salsa sous l'œil étonné et … finalement intéressé de notre commissaire.
Va-t-elle finir par oublier son beau lieutenant Monot ?
J'ai beaucoup ri pendant cette lecture. Ri de ce couple improbable, de l'enquête parfois hasardeuse, de cette Viviane Lancier qui se comporte souvent comme une adolescente, mais surtout de la critique que fait Georges Flipo du monde des clubs de vacances. Croyez-moi, ça ne donne pas vraiment envie de s'inscrire !
Allez, pour le plaisir !
Pour le challenge chez Liliba