Littérature, cinéma, voyages...
Neuf histoires qui pourraient rebuter car parfois empreintes de réalisme social assez dur, mais si pleines d’amour pour les personnages qu’il ne faut pas passer à côté.
La Taille d’un ange – Patrice Juiff
C'est la rencontre entre autre d'une jeune fille de 13 ans, aînée d’une fratrie, encore enfant – elle fait toujours pipi au lit – et c’est elle qui, chaque dimanche matin depuis que sa mère est partie, doit désigner lequel des frères ou sœurs va subir les coups du père [Le Dimanche matin].
Dans Un Cœur en commun une autre jeune fille découvre que sa mère, qu’elle croyait morte, est handicapée mentale. Une adolescente, à peine femme, va apprendre à devenir mère dans La Taille d’un ange. Dans une autre nouvelle un homme découvre qui était celle qu’il a toujours pris pour sa grande sœur [Le premier vrai souvenir que j’ai d’elle].
Dans chacune de ces nouvelles la première phrase nous happe, et il n’est plus possible de lâcher ces récits de vie de gens ordinaires, perdus, un peu cabossés. Patrice Juiff a l’art de l’accroche. Il nous fait entrer dans des vies apparemment banales mais où se cache le féroce.
On entre chez des gens ordinaires, qu’on pourrait dire de classe moyenne, on nous balance leur désarroi et leur déchéance à la figure, on nous donne à voir derrière le rideau. A chaque histoire, l’auteur peint le drame familial.
Car c’est bien de famille dont il est question, de la difficulté d’aimer, de dire, au sein de ces familles et c’est la fragilité de ceux qui les composent qui intéresse l’auteur.
Ce qui est magnifique c’est qu’il ne porte jamais de jugement, même sur cette jeune mère qui laisse son bébé dans la nature pour aller boire un verre ou sur ce père de famille qui frappe ses enfants chaque dimanche matin. L’empathie qu’il éprouve pour ses personnages est communicative.
Une écriture qui a de la grâce. C’est émouvant, bouleversant, foudroyant.
Un grand coup de cœur donc et un auteur dont j’ai hâte de lire les romans.