La Tyrannie de l'arc-en-ciel – La Route de Haut-Safran T,1 – (Shades of grey - The Road to High Saffron) - Jasper Fforde – Traduit de l'anglais par Patrick Dusoulier
Ne vous fiez pas au titre original, je n'ai pas succombé à l'appel des sens !
Comme dans la génialissime série Thursday Next, le 1er volume de La Tyrannie de l'arc-en-ciel demande un peu de temps pour mettre le décor en place et cette lecture demande aussi au lecteur un petit effort pour s'adapter à ce monde où les règles chromatiques sont toutes puissantes.
Une fois ces règles assimilées par le lecteur, c'est à nouveau jubilatoire, et encore une fois Jasper Fforde m'a bluffée !
Cet homme est complètement dingue ! Son cerveau malade regorge d'idées toutes plus folles les unes que les autres, et il a réussi à me faire rire en décrivant les dérives d'une dictature (totalement à l'opposé d'un Hunger Games pas exemple).
Si je vous dis que c'est l'histoire d'un jeune gars, fils d'un swatcheur, qui accompagne son père dans les franges extérieures parce qu'il a été condamné pour manque d'humilité, et qu'il doit purger sa peine en comptant les chaises... Vous voyez un peu mieux ce que je veux dire quand j'affirme que Jasper Fforde est un grand malade ????
Je suis bien en peine pour vous raconter l'histoire de ce roman où les habitants sont classés en fonction des couleurs qu'ils peuvent percevoir – les couleurs naturelles ont disparu depuis le Truc-qui-s'est-passé. Depuis plus de 500 ans, le monde est passé de Bond-en-Arrière en Bond-en-Arrière, et la technologie et les connaissances se perdent petit à petit.
Que ceux qui n'ont pas aimé la série Thursday Next passent leur chemin, mais que les autres me fassent confiance et se lancent dans cette trilogie et suivent les aventures de Edward Rousseau, un Rouge, pas très loin de la couleur dominante, qui contre toute attente tombe sous le charme de Jane, une Grise, et surtout sous le charme de sous magnifique petit nez retroussé (ce n'est pas sans nous rappeler l'importance d'un autre nez dans l'Histoire !). A partir de cette rencontre, toutes les certitudes d'Eddie seront ébranlées, et il commencera un long chemin incongru, vers la révolte contre le système. Enfin, c'est ce que laisse prévoir la fin de ce volume.
Deux petites citations qui montrent l'absurdité de ce monde où le moindre comportement humain est réglementé par la pensée d'un certain Munsell. Des passages qui m'ont fait rire, et surtout m'ont fait penser aux profs qui corrigent actuellement les examens...petite pensée spéciale pour Sharon :
Eddie à l'arrivée dans une école :
Je m'arrêtais un instant dans le hall à côté du buste en bronze de Munsell pour lire la déclaration d'intention si souvent citée : « Chaque élève du Collectif quittera l'école avec des capacités au-dessus de la moyenne. » Ce n'est qu'après avoir étudié l'arithmétique avancée que je m'étais rendu compte que c'était impossible, puisque tout le monde ne pouvait pas être au-dessus de la moyenne.
Eddie rencontrant une institutrice :
C'était une femme assez frêle, vêtue d'un tailleur en tweed un peu fatigué, qui arborait l'expression bénigne des gens épuisés de l'intérieur. Ce qui n'était pas étonnant à voir son bureau envahi de piles de devoirs poussiéreux.
- J'ai réussi à ramener notre retard à seulement soixante-huit ans, me déclara-t-elle d'un air satisfait. D'ici la fin de la décennie, j'espère arriver à corriger les copies d'élèves qui seront encore vivants.
Un coup de cœur pour ce premier opus et j'attends avec impatience la suite – 2014 apparemment.
Et un grand bravo au traducteur, qui doit être tout aussi dingue que l'auteur.
Dans un petit dossier consacré à Jasper Fforde dans la très bonne revue littéraire pour ados, Virgule, l'auteur explique que l'idée de ce roman lui est venue parce qu'en Grande-Bretagne, il s'est inquiété de voir que nombres de comportements sociaux régis avant par la société, étaient maintenant l'objet de règles passant par le Parlement. Cet excès de codification l'a fait réfléchir et a donné La Tyrannie de l'arc-en-ciel. Quand la fiction rejoint la réalité...
Une nouvelle participation au mois anglais
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