Le Proscrit – (The Outcast) Sadie Jones – traduit de l'anglais par Vincent Hugon
Pour le mois anglais, j'ai fouiné un peu dans ma PAL, et j'ai ressorti un roman acheté il y a une éternité. Comme d'autres, il végétait, attendant que ma main s'arrête sur lui, ce qui a failli lui arriver plus d'une fois, mais seulement failli. Allez savoir pourquoi !
Je ne saurais trop remercier les organisatrices du mois anglais, parce que j'ai passé un moment plus qu'agréable, et très vite j'ai su que ce roman allait devenir un...
L'histoire en quelques mots seulement pour ne pas trop en dévoiler.
Le roman a pour personnage principal Lewis, un jeune homme de 19 ans qui sort de prison. Dans le premier chapitre, on apprend qu'il a été incarcéré deux ans pour dégradations et incendie d'une église. Puis l'auteur nous ramène en arrière et nous retrouvons Lewis à l'âge de 10 ans. Il vit seul avec sa mère, son père étant absent pour cause de Seconde Guerre mondiale, et lorsqu'il revient, le monde de Lewis en est bouleversé. Il ne trouve plus sa place, se renferme et devient « bizarre » au dire de la communauté de la petite ville du Surrey. Après la mort accidentelle de sa mère, les choses empirent.
L'intérêt de ce roman réside dans son ambiance. On ne peut pas dire qu'il ne se passe rien, mais il s'agit plutôt d'un roman d'atmosphère, et je l'ai lu quasiment comme un polar, en apnée, jusqu'à la dernière page.
Le récit minutieux des attitudes, des états d'âmes, construit par petites touches une atmosphère qui devient de plus en plus étouffante.
On sent la pesanteur de la petite communauté bourgeoise de cette Angleterre des années 50 . On y boit beaucoup, les femmes passent leur temps à se préparer pour des maris dont elles et leurs enfants subissent la violence. Mais il ne faut rien dire, il faut constamment donner le change et préserver les apparences.
Cette communauté rejette Lewis parce qu'il est différent, et le pousse petit à petit vers un destin tragique.
On ressent le mal-être de cet enfant, sa détresse quand il devient adolescent, son envie de reconnaissance de la part d'un père trop rigide et remarié trop vite avec lequel il ne parviendra jamais à communiquer vraiment.
Et à sa sortie de prison, personne ne semble heureux de le revoir. Il dérange, et semble, par son unique présence, faire ressortir le pire chez ses concitoyens.
Heureusement, il y a quelques éclaircies : les escapades à Londres dans les boîtes de jazz, la petite Kit, amoureuse de Lewis depuis toujours et qui sera la seule à l'accepter tel qu'il est.
Un très, très beau premier roman, bien construit, avec des personnages complexes, une histoire humaine touchante, sans être jamais larmoyante.
Un seul petit, tout petit bémol : la fin, un peu trop hollywoodienne à mon goût.
Pour le mois anglais