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Les Confessions de Victoria Plum (Taking the Devil's advice)– Anne Fine
Oliver Rozen, philosophe, vit aux États-Unis, mais revient en Angleterre pour l'été. Il veut (il doit ?) passer l'été avec ses filles, et va pour cela s'installer dans son ex-maison, avec ses filles et son ex-femme, mais aussi le nouveau mari de cette dernière, leur ex-jardinier. Vous suivez ? La femme, le mari, le jardinier..., non, non, je ne vous parle pas de L'Amant de Lady Chaterley. Nous sommes là dans un roman beaucoup plus drôle.
Oliver Rozen, donc, veut profiter de cet été pour écrire son autobiographie intellectuelle. Oui, parce que rester avec ses filles, ça va un moment. Après tout ce n'est pas lui qui a voulu des enfants...
Dans la maison, il lui faut se trouver un endroit tranquille, un endroit où son esprit supérieur pourra laisser libre cours à la pensée philosophique et à la création. Il choisira la buanderie. Mais afin de mettre son œuvre hors de portée de lecture des habitants de la maisonnée, il cache son manuscrit dans un taie d'oreiller de marque Victoria Plum (d'où le titre français).
De purement intellectuelle, son autobiographie a parfois tendance à s'étoffer de réflexions sur ses seize ans de vie conjugale avec Constance. Mais peu importe, ses écrits sont bien cachés. Ce qu'il ignore en tant que philosophe vivant quasiment uniquement dans les plaisirs de la réflexion et de la pensée, c'est qu'il arrive fréquemment dans une maison de changer les draps ou autre linge de maison et Constance finit par découvrir le manuscrit. Mais elle ne fait pas que le découvrir : elle le lit, elle fulmine à la lecture de tous ces mensonges (selon elle), et ne peut s'empêcher d'apporter sa propre version des choses.
"Elle a encore mis son grain de sel dans mon autobiographie."
Ils vont ainsi s'affronter par l'intermédiaire de feuillets cachés dans une taie d'oreiller . Chacun répondant à l'autre en détaillant les souvenirs de leur vie commune. On apprend ainsi quelle vision ils ont de leur rencontre, de leur mariage, de la naissance des enfants, et de la séparation : pas vraiment la même, vous vous en doutez !
Franchement, on se demande ce qui a pris à ces deux-là de se marier.
Mais qui dit la vérité dans tout ça ? Bien difficile à dire.
La cohabitation estivale ravive les querelles et les désaccords passés, et même si la situation est souvent très tendue entre les ex-époux mais aussi entre les filles et le père, et entre le père et le nouveau mari, ce roman est vraiment très drôle.
Jamais caricaturale, Anne Fine analyse la vie conjugale avec intelligence et un humour acide et elle en fait une critique assez féroce – pour le meilleur et pour le pire, c'est bien ça ?
"J'aimerais qu'on m'explique. Comment se fait-il que, lorsqu'un couple se défait, tout ce que l'on aimait dans la relation disparaisse instantanément comme par magie, alors que toutes les petites choses que l'on détestait secrètement continuent de vous hanter après ? "
Lu dans le cadre du Mois anglais