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Montana 1948 – Larry Watson
David Hayden appartient à une famille respectée à Bentrock, Mercer County, coin désolé du Montana – son grand-père y exerce encore une influence notable, même s’il n’en est plus le shérif . C’est le père de David qui a repris la charge, sa femme aurait préféré qu’il soit avocat. Quand à l’oncle, Franck , homme séduisant, héros de la guerre et le fils préféré du vieux Julian, il est médecin et exerce entre autre dans la réserve indienne située à proximité de la ville.
Les Indiens font partie du paysage, on les tolère comme domestiques, sans plus.
Mary Little Soldier travaille pour la famille de David, elle s’occupe de la maison et de David. Bien sûr il est trop grand pour avoir une nounou, et à 12 ans il se sent presque un homme et s’avoue un petit penchant pour elle.
Un jour Mary n’arrive pas à se lever, elle est malade. Sa toux empire et la mère de David s’inquiète, elle veut appeler un médecin mais Mary refuse catégoriquement d’être soignée par Franck Hayden. Elle dit aller bien, minimise son état.
Pourtant la fièvre ne la quitte pas et Madame Hayden fait quand même venir son beau-frère. Dans la chambre aussitôt des cris retentissent et Mary supplie qu’on ne la laisse pas seule avec le médecin. Elle finit par se confier à la mère de David et lui avoue que Franck Hayden profite de son pouvoir de médecin pour abuser de jeunes Indiennes à la réserve.
C’est alors que l’univers de David bascule. Bien sûr, ses parents essaient de l’épargner et l’écartent de leurs conversations, mais sa curiosité a été éveillée et il espionne, il écoute, et petit à petit il comprend tout. Il comprend la consternation de sa mère, le dilemme de son père qui doit prendre la décision de se conduire en frère ou en shérif. David découvre aussi le fonctionnement de leur petite ville repliée sur elle-même dans ce coin perdu du Montana, et le racisme ordinaire envers les Indiens. Son monde s’écroule et c’est quarante ans plus tard, toujours hanté par les événements, qu’il nous en livre le récit.
La force de Montana 1948 se trouve dans les personnages campés avec subtilité. Vus à travers les yeux d’un enfant de 12 ans, tour à tour ils s’enferrent dans leurs certitudes ou se débattent avec leurs doutes. Leur monde jusque-là bien établi s’écroule. David est le témoin innocent et impuissant de ces bouleversements.
Montana 1948 est un roman d’apprentissage, roman social aussi, bien ancré dans une époque et une région. Dès les premières lignes l’écriture sobre et efficace va à l’essentiel et entraîne le lecteur, auprès de David, dans la tourmente vécue par la famille Hayden.
Je ne suis pas seule à avoir passé un bon moment dans le Montana, malgré le vent et la rudesse du paysage (bien différent de ce à quoi le grand, l’unique Robert R. m’avait habituée – oui, Robert et moi, c’est une longue histoire…). D’autres billets via le blog de Scor13 et grand merci à elle pour son livre voyageur et cette belle découverte.