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22 juin 2013 6 22 /06 /juin /2013 19:18

 

 

la tyrannie couv

 

 

 

 

    sahdes of                           

  La Tyrannie de l'arc-en-cielLa Route de Haut-Safran T,1 – (Shades of grey - The Road to High Saffron) - Jasper Fforde – Traduit de l'anglais par Patrick Dusoulier http://joliscoeurs.j.o.pic.centerblog.net/otwy3n86.gif

 Ne vous fiez pas au titre original, je n'ai pas succombé à l'appel des sens !

 

 Comme dans la génialissime série Thursday Next, le 1er volume de La Tyrannie de l'arc-en-ciel demande un peu de temps pour mettre le décor en place et cette lecture demande aussi au lecteur un petit effort pour s'adapter à ce monde où les règles chromatiques sont toutes puissantes.

 Une fois ces règles assimilées par le lecteur, c'est à nouveau jubilatoire, et encore une fois Jasper Fforde m'a bluffée !

 Cet homme est complètement dingue ! Son cerveau malade regorge d'idées toutes plus folles les unes que les autres, et il a réussi à me faire rire en décrivant les dérives d'une dictature (totalement à l'opposé d'un Hunger Games pas exemple).

 Si je vous dis que c'est l'histoire d'un jeune gars, fils d'un swatcheur, qui accompagne son père dans les franges extérieures parce qu'il a été condamné pour manque d'humilité, et qu'il doit purger sa peine en comptant les chaises... Vous voyez un peu mieux ce que je veux dire quand j'affirme que Jasper Fforde est un grand malade ????

 

Je suis bien en peine pour vous raconter l'histoire de ce roman où les habitants sont classés en fonction des couleurs qu'ils peuvent percevoir – les couleurs naturelles ont disparu depuis le Truc-qui-s'est-passé. Depuis plus de 500 ans, le monde est passé de Bond-en-Arrière en Bond-en-Arrière, et la technologie et les connaissances se perdent petit à petit.

 

Que ceux qui n'ont pas aimé la série Thursday Next passent leur chemin, mais que les autres me fassent confiance et se lancent dans cette trilogie et suivent les aventures de Edward Rousseau, un Rouge, pas très loin de la couleur dominante, qui contre toute attente tombe sous le charme de Jane, une Grise, et surtout sous le charme de sous magnifique petit nez retroussé (ce n'est pas sans nous rappeler l'importance d'un autre nez dans l'Histoire !). A partir de cette rencontre, toutes les certitudes d'Eddie seront ébranlées, et il commencera un long chemin incongru, vers la révolte contre le système. Enfin, c'est ce que laisse prévoir la fin de ce volume.  

 

Deux petites citations qui montrent l'absurdité de ce monde où le moindre comportement humain est réglementé par la pensée d'un certain Munsell. Des passages qui m'ont fait rire, et surtout m'ont fait penser aux profs qui corrigent actuellement les examens...petite pensée spéciale pour Sharon :

 

Eddie à l'arrivée dans une école :  

Je m'arrêtais un instant dans le hall à côté du buste en bronze de Munsell pour lire la déclaration d'intention si souvent citée : « Chaque élève du Collectif quittera l'école avec des capacités au-dessus de la moyenne. » Ce n'est qu'après avoir étudié l'arithmétique avancée que je m'étais rendu compte que c'était impossible, puisque tout le monde ne pouvait pas être au-dessus de la moyenne. 

 

Eddie rencontrant une institutrice :

 C'était une femme assez frêle, vêtue d'un tailleur en tweed un peu fatigué, qui arborait l'expression bénigne des gens épuisés de l'intérieur. Ce qui n'était pas étonnant à voir son bureau envahi de piles de devoirs poussiéreux.

 - J'ai réussi à ramener notre retard à seulement soixante-huit ans, me déclara-t-elle d'un air satisfait. D'ici la fin de la décennie, j'espère arriver à corriger les copies d'élèves qui seront encore vivants.

 

Un coup de cœur pour ce premier opus et j'attends avec impatience la suite – 2014 apparemment.

 

Et un grand bravo au traducteur, qui doit être tout aussi dingue que l'auteur.

virgule

 Dans un petit dossier consacré à Jasper Fforde dans la très bonne revue littéraire pour ados, Virgule, l'auteur explique que l'idée de ce roman lui est venue parce qu'en Grande-Bretagne, il s'est inquiété de voir que nombres de comportements sociaux régis avant par la société, étaient maintenant l'objet de règles passant par le Parlement. Cet excès de codification l'a fait réfléchir et a donné La Tyrannie de l'arc-en-ciel. Quand la fiction rejoint la réalité...  

 

Une nouvelle participation au mois anglais 

this-is-england-colors   

 

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6 juin 2013 4 06 /06 /juin /2013 07:06

 

Pour ce rendez-vous anglais des livres dont je n'ai pas parlé, voici deux romans de la très prolixe Anne Perry.

 

Un Étranger dans le miroir, et Un Deuil dangereux, traduits par Elisabeth Kern.

 

Il s'agit des deux premiers volumes de la série qui met en scène un nouvel enquêteur très particulier, William Monk.

 

J'avais découvert Anne Perry grâce à Syl. qui m'avait mis dans les mains le premier volume de la série des  Pitt. J'avais aimé, mais pas tant que cette rencontre avec William Monk;

 

Dire que j'ai aimé est peu dire.

un étranger 

 

Dans le premier épisode, Un Étranger dans le miroir, William Monk se réveille à l'hôpital, en 1856, après un accident de cab. Il ne sait plus qui il est, n'a plus aucun souvenir de ce qui lui est arrivé. Il apprend juste qu’un policier est venu à l’hôpital et a donné son identité . Serait-il possible qu’il soit un criminel recherché par la police ? En fait il est lui-même inspecteur de police.

 

La mémoire toujours aux abonnés absents, il retourne au commissariat et cache son amnésie, mais il doit faire des efforts surhumains pour ne pas se faire prendre en défaut par son supérieur qui ne le porte pas dans son cœur, et c’est bien réciproque.

 

Ce qu’il apprend petit à petit de lui ne lui plaît pas du tout. Il est un excellent enquêteur, intelligent, mais il est craint, peu aimé, prétentieux, aime à paraître dans ses costumes impeccables et bien trop chers pour un simple inspecteur et s’est éloigné de sa famille modeste et sans doute pas assez bien pour lui.

 

Rapidement on lui donne à mener une enquête sur le meurtre d’un jeune aristocrate, sauvagement battu à mort le jour même où Monk a eu son accident.

 

L’intérêt de ce roman c'est qu'il nous fait découvrir le personnage principal en même temps que lui. Il n’en sait pas plus que nous, s’interroge sur ce qu’il a pu faire avant son accident, et redécouvre les personnes avec qui il travaillait mais aussi les lieux.

 

C’est donc avec son regard nouveau que nous entrons dans le monde de l’aristocratie anglaise victorienne et que nous y décodons les mœurs de la noblesse et de la petite bourgeoisie.

 

Pour son enquête on lui adjoint Evan, un jeune policier que Monk se prend à apprécier et personnage qui reviendra dans les épisodes suivants, tout comme Lady Callandra Daviot, femme intelligente et indépendante et Esther Latterly, jeune bourgeoise qui a été infirmière durant la guerre de Crimée.

 

Autant dire qu’elle ne craint pas grand chose et surtout pas l’irascible Monk. Leurs échanges seront souvent haut en couleurs.

 

Finalement l’enquête sur la recherche de la mémoire est plus intéressante que celle de meurtre à proprement parler si ce n’est qu’elles sont toujours chez Anne Perry l’occasion de d’aller fouiner dans cette époque victorienne si particulière et que j’adore.

 

 un deuil

 

 

 

Dans Un Deuil dangereux, Monk est toujours amnésique, il fait face comme il peut.  

L’affaire qui l’occupe est le meurtre d’une jeune aristocrate, veuve d’un officier mort pendant la guerre de Crimée. Le problème c’est que tout semble faire penser que l’assassin fait partie de la maisonnée. Les soupçons se portent sur les domestiques car un noble ne peut pas s’abaisser à pareil horreur bien sûr. Ce volume permet à Anne Perry de faire entrer le lecteur dans le fonctionnement d’une maison telle que celle de Sir Basil Moidore, la hiérarchie des domestiques, les usages des maîtres. C’est passionnant !

 

En parallèle de cette enquête, on retrouve Hester Latterly, engagée comme infirmière dans un hôpital londonien. Elle a été infirmière pendant la guerre de Crimée, aux côtés de la célèbre et progressiste Florence Nightingale, et habituée à être indépendante. C’est peu de dire qu’ elle souffre de son statut à l’hôpital. Les infirmières y sont aussi peu considérées que des prostituées et ne sont là que pour changer les bandages et vider les seaux. Hester n’en peut plus de ces médecins obtus et ses nerfs sont souvent mis à rude épreuve. Elle sera amenée à aider Monk dans son enquête et ces deux-là passeront leur temps à se chamailler pour notre plus grand plaisir. Tous les deux ont un vrai problème avec l’injustice et l’autorité, ils se ressemblent trop pour ne pas s’opposer sans cesse.

 

Dans ce deuxième volume, les personnages principaux prennent de l’ampleur, leurs caractères sont plus fouillés et il est passionnant de se promener en leur compagnie dans cette société victorienne que l’auteur décrit avec précision. Elle aborde ici le problème d’une société rigide et ancrée dans ses certitudes, ses habitudes et ses privilèges, que ce soit dans l’armée, en matière de médecine ou de justice. C’est d’ailleurs là l’occasion de faire entrer un nouveau personnage auprès de Monk et Hester : Rathbone, brillant avocat qui ne laissera pas Hester indifférente. Hum, hum…à suivre !

 

Tous les avis des participants au challenge Anne Perry chez Syl.

 

anneperry2-copie-1                   Challenge thriller                 keep-calm-and-read  

 

 

  Pour ce rendez-vous  Missbouquinaix nous parle de E.M. Forster, Edith Wharton et Michel Zévaco. 

 

 

 

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18 mai 2013 6 18 /05 /mai /2013 07:03
La commissaire n'a pointLa Commissaire n'a point l'esprit club – Georges Flipo
 
Viviane Lancier n'est pas du genre « commissaire athlétique, sûre d'elle, bien dans son corps, et cultivée », loin de là. Elle est plutôt du genre solitaire, toujours mal fagotée et un peu enrobée. Quant à sa culture … autant ne pas en parler.
J'ai découvert Viviane chez  Liliba, et franchement, je ne regrette pas de m'être laissé tenter. Viviane mène de main de fer son équipe mais craque sur le jeune lieutenant Augustin Monot, blond et poète à ses heures. C'est pourquoi quand son supérieur l'envoie mener une enquête incognito dans un club de vacances à Rhodes , elle se voit déjà partager la chambre avec son cher Augustin. Son imagination va bon train sur les crèmes à passer dans le dos et tout le reste, mais voilà, ce n'est pas Augustin qui va l'accompagner, mais Willy Cruyff.
Elle est dépitée notre pauvre Viviane. Elle qui avait acheté Alcools d'Apollinaire pour partager de longues soirées poétiques avec le jeune Monot ! Et bien non ! Il va falloir qu'elle supporte de passer une semaine avec Willy, vice-champion de décathlon, beau comme un dieu et toujours d'humeur égale. On se demande bien ce qu'elle a à ronchonner tout le temps, franchement !
Arrivés à Rhodes, ils se font passer pour une cinéaste et son assistant, et tentent ainsi d'approcher l'ensemble des résidents du village de vacances. Les indices sont très minces, et d'après ce qu'ils apprennent ici et là, nombreux sont les cocos et les kikis (comprendre les animateurs), les hétoilas (comprendre les intérimaires), voire même peut-être les chéris (comprendre les vacanciers) qui auraient pu en vouloir à King, le directeur du village, et victime pas vraiment sympathique.
L'enquête, somme toute classique est menée par une Viviane Lancier renfrognée, qui jette son dévolu sur le buffet, et un Willy Cruyff jovial qui profite comme un gamin des possibilités sportives et « artistiques » proposées par le club.
Et c'est bien là l'intérêt de ce roman. Les personnages et ce milieu très particulier de club de vacances où tout est si artificiel. Viviane traîne sa mauvaise humeur, ses envies de chocolat et sa silhouette pas tout à fait conforme au lieu, en évitant à plusieurs reprises un chat empaillé, un jardinier inquiétant et des cadavres sur la plage. Son air peu avenant ne lui amène pas beaucoup de confidences, ce qui n'est pas le cas du charmant Willy qui se fait rapidement des amis et va recueillir bien des indices. Il trouve malgré tout le temps d'aller danser tous les soirs la salsa sous l'œil étonné et … finalement intéressé de notre commissaire.
Va-t-elle finir par oublier son beau lieutenant Monot ?
J'ai beaucoup ri pendant cette lecture. Ri de ce couple improbable, de l'enquête parfois hasardeuse, de cette Viviane Lancier qui se comporte souvent comme une adolescente, mais surtout de la critique que fait Georges Flipo du monde des clubs de vacances. Croyez-moi, ça ne donne pas vraiment envie de s'inscrire !
Allez, pour le plaisir !
Pour le challenge chez Liliba  Challenge thriller
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8 mars 2013 5 08 /03 /mars /2013 19:45

 

Mahanttan nocturneManhattan nocturne – Colin Harrison – traduction de l'américain de Christophe Claro http://idata.over-blog.com/0/20/28/80/amour/coeur-gif-090.gif

Quatrième de couverture

Meurtres, accidents, drames en tous genres... Porter Wren, chroniqueur de faits divers dans un tabloïd new-yorkais, est un habitué des turpitudes quotidiennes de l'humanité. Mais en observateur prudent, il s'est toujours gardé de s'embarquer dans le type d'histoire qu'il raconte. Jusqu'au jour où il est abordé par une séduisante jeune femme, la veuve d'un cinéaste en vogue dont le meurtre n'a jamais été élucidé. Elle détient des secrets. Il n'aurait jamais dû accepter de les partager... A mesure que se noue ce drame étouffant, Colin Harrison révèle un à un les fils mystérieux qui, nulle part comme à New York, relient les bas-fonds les plus sordides aux sphères les plus élevées de la réussite.

Jusque-là la vie a plutôt souri à Porter Wren. Il partage sa vie entre sa famille - une femme chirurgienne qu'il aime et admire, et deux jeunes enfants dont il est complètement gaga – et son métier de chroniqueur dans un tabloïd New-Yorkais où il dissèque les faits divers les plus sordides. Il est lu, connu, reconnu... tout va bien. Il sait écouter et écrire comme pas un et surtout, il n'est pas dupe de ce qu'il fait. Le magnifique et jubilatoire début du roman en est la preuve :

«Je vends le meurtre, la mutilation, le désastre. Et ce n'est pas tout : je vends la tragédie, la vengeance, le chaos, le destin. Je vends les souffrances des pauvres et les vanités des riches. Les enfants qui tombent des fenêtres, les rames de métro qui flambent, les violeurs qui s 'éclipsent dans la nuit. Je vends la colère et la rédemption. Je vends l'héroïsme musclé des pompiers et la poussive cupidité des chefs de la mafia. La puanteur des ordures, les espèces sonnantes et trébuchantes. Je vends le Noir au Blanc et le Blanc au Noir. Aux démocrates, aux républicains, aux anarchistes, aux musulmans, aux travestis, aux squatters du Lower East Side. J'ai vendu John Gotti et O. J. Simpson et les poseurs de bombes du World Trade Center, et je vendrai tous ceux qui suivront. Je vends le mensonge et ce qui passe pour la vérité, et tout le spectre des nuances qui les séparent. Je vends le nouveau-né et le mort. Je revends la misérable et splendide ville de New York à ses habitants. Je vends desjournaux. »

Je vous le disais, il est lucide le garçon ! Enfin, lucide, oui, mais pas toujours. Quand son chemin croise celui de Caroline Crowley, j'oserai dire qu'il ne pense plus complètement avec sa tête !

La donzelle lui demande de l'aider à retrouver le meurtrier de son mari, un cinéaste indépendant connu retrouvé mort dans les décombres d'un vieil immeuble un an plus tôt.

Il a conscience de se faire manipuler d'une certaine façon, mais il ne peut s'empêcher d'accéder à la requête et... à la chambre de la sus-dite donzelle. Quand je vous disais qu'il ne réfléchissait pas avec sa tête !!!

L'enquête commence et Porter Wren va se retrouver au milieu d'une sinistre histoire mêlant Caroline Crowley, son défunt mari, des hommes de pouvoirs, tous reliés par des vidéos sordides sur le genre humain.

L'histoire est très intelligemment construite, laissant souvent son héros désemparé, englué dans la culpabilité. Culpabilité de l'adultère mais aussi et surtout de mettre sa famille en danger en continuant cette enquête.

J'ai vraiment aimé ce personnage qui faute, qui doute et surtout le fait qu'il ne soit pas un énième policier. J'ai aimé l'écriture, la façon dont le narrateur raconte son histoire après la résolution, la longueur d'avance qu'il a sur le lecteur.

Mais finalement ce que j'ai adoré dans ce roman, c'est la promenade que Colin Harrison nous impose dans un New-York que je n'ai côtoyé qu'au cinéma (heureusement !). Un New-York fascinant, montré sans complaisance, grouillant de misère sociale, humaine, affective. Le New-York des exclus, des « petits », ceux que Porter Wren comprend mieux que quiconque, lui qui est habitué à les repérer et à les écouter pour faire vendre son journal.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce roman noir et je ne vais pas en rester là avec Monsieur Harrison.

Pour voir d'autres avis allez chez Titine -  Kathel -  Ys

Ce roman entre dans le challenge Thrillers et Polars chez Liliba 

 

                Challenge thriller  

 

 

 

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21 janvier 2013 1 21 /01 /janvier /2013 06:52

L'étrangleur de cater streetL'Etrangleur de Cater street– (The Cater street hangman) Anne Perry – traduction de Annie Hamel et Roxanne Azimi

 

Ce roman est le premier tome d'une loooooooongue série d'Anne Perry mettant en avant les aventures de Charlotte Ellison, jeune fille de bonne famille, et Thomas Pitt, policier, en 1881 dans l'Angleterre victorienne. J'adore cette époque !

Ces deux là n'auraient jamais dû se rencontrer mais le quartier où réside Charlotte et sa famille est le théâtre d'une série de meurtres . Je n'en dirai pas plus sur l'intrigue somme toute assez simple mais qui se laisse suivre avec grand plaisir.

Et ce plaisir vient surtout de la peinture que fait Anne Perry de cette époque guindée, enfermée dans des principes et des croyances dont les femmes étaient les premières victimes.

Charlotte est différente de ses soeurs et surtout de sa grand-mère, vieille femme campée dans des principes et dans le passé, alors que Charlotte représente la femme du futur, celle qui luttera pour l'émancipation et refusera les contraintes imposées par des hommes qui veulent garder leurs privilèges.

Charlotte lit le journal en cachette, cherche à s'informer sur ce monde à la porte de son quartier, mais qu'on ne lui permet pas de découvrir. Elle a soif d'apprendre, et d'être. Elle prend la parole quand on ne lui demande pas, elle donne son avis, quelle impudence !

Alors que sa soeur aînée est mariée et bien installée dans cette société, et que sa jeune soeur a compris qu'elle ne pourrait avoir un semblant de liberté qu'en se mariant rapidement, Charlotte rejette cette vie en bloc. Elle refuse l'idée de se marier, tout d'abord parce qu'elle est amoureuse de son beau-frère, et qu'aucun autre homme ne sera jamais aussi bien que lui ! Ensuite parce qu'elle a l'intuition qu'une autre vie que celle prévue par sa condition sociale est envisageable.

Et c'est à ce moment de sa vie que Thomas Pitt fait son apparition.

Il est policier, donc vulgaire et pas plus important qu'un domestique pour les gens du monde que sont les Ellison.

Au début, Charlotte pense la même chose, c'est ainsi qu'elle a été élevée. Pitt a bien du mal à s'imposer dans ce milieu persuadé que la criminalité ne touche que les miséreux et les petites gens. Eux sont bien au-dessus de tout cela.

Mais le policier est tenance et intelligent, il va mener son enquête jusqu'au bout malgré l'hostilité de ce beau monde auquel il n'appartient pas. A chaque venue chez les Ellison, à chaque conversation avec Charlotte, il va ouvrir la jeune fille à un monde qu'elle ignore, un monde qu'on lui a caché sous prétexte que les femmes doivent être protégées de l'extérieur. Un monde bien loin du sien où on attend des femmes une conduite irréprochable alors que les hommes mènent parfois de leur côté une double vie.

Pitt va faire craquer le vernis de ce monde d'hypocrites et faire apparaître des comportements que ces messieurs auraient préféré taire.

Anne Perry met ses personnages et leur époque sous un microscope et c'est souvent drôle et féroce. Thomas Pitt sert de révélateur et nous permet d'entrer dans cette société où les nantis et les autres ne se côtoient pas. Les domestiques ne font pas vraiment exception. Ils servent des familles pendant parfois des années sans que les membres de la famille connaissent leur nom ou quoi que ce soit de leur vie. Les Ellison et les autres ne se posent même pas la question (ce n'est pas sans me faire penser à la série Downton Abbey). 

Un très bon moment que cette lecture. Et vu le nombre de romans de cette série, je crois que je vais encore me régaler de ces plongées dans cette fascinante époque victorienne.

Pour le challenge Anne Perry et le challenge Thrillers et Polars   

                                                            anneperry2-copie-1      Challenge thriller

 


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10 octobre 2012 3 10 /10 /octobre /2012 07:55

 

Comme promis je reviens pour notre ronde entre la Bretagne, la Belgique et le Centre (du monde ? non, de la France). Après un premier lvre belge envoyé par Anne, voici une découverte bretonne qui m'a laissé ébouriffée (normal quand on connaît Jeneen, notre Bigoudène !).

 

Les lectures Belges : La Plage d'Ostende ici et chez Jeneen

Les lectures bretonnes : Cézembre noire ici et chez Anne.

Les Lectures de Centre :  Un grand coeur chez Jeneen et chez Anne 

 

 

 

 

 

 

Bretons 

 

céembre noireCézembre noire – Hugo Buan

 

Quatrième de couverture : Que se trame-t-il à Cézembre, cette île mystérieuse de la côte bretonne ? Petite terre, riche d’Histoire et, interdite aux touristes. Cette question, Berty, tueur à gages intérimaire, et endetté jusqu’au cou, ne se la pose pas. Sa cible il devra l’atteindre coûte que coûte. « Il n’y a pas un chat sur ce foutu rocher en plein hiver ! » lui avait dit Kolo. En effet, il n’y avait presque personne sur les dix-huit hectares de l’île. Hormis deux agents de la C.I.A., cinq officiers de la Police Judiciaire, un ancien para de Diên Biên Phu, des séminaristes et une famille d’accueil particulièrement troublante. Devra-t-il tuer la douce Daphné ? Ou Hale le boiteux ? Plus sûrement un des flics ? À moins que ce ne soit un des agents américains ? Ou encore le mystérieux Noël ? Peut-être le PDG de cette famille en séminaire ? Ce qui est sûr, la photo de la victime apparaîtra sur l’écran de son portable. Et, là, il n’aura plus qu’à viser et tirer…Mais mon Dieu, que ce commissaire Workan l’ennuie. Et ne parlons pas de cette foutue tempête.

 

Cézembre, vous connaissez, vous ? Quand j'ai reçu ce livre, j'ai d'abord cru que c'était une invention de l'auteur. Mais non, elle est bien réelle. Et en allant sur Wiki, j'ai appris que pendant la Première Guerre mondiale, les Belges avaient installé un bataillon sur Cézembre. Quelle coïncidence pour notre ronde, non ?

 

Dans Cézembre noire, l'auteur nous mène aux côtés du commissaire Lucien Workan et de son équipe sur cette île déserte mais loin d'être paradisiaque. Cézembre, c'est un îlot rocheux interdit au public sur la majeure partie de sa superficie à cause des mines dont la Deuxième Guerre mondiale l'a truffé. « Tu ramasses une fleur à Cézembre et t'es transformé en hachis parmentier. »

 

Pas très glamour, l'île ! Et côté touristique, à part une plage et un hôtel-restaurant, il n'y a rien ! En plus c'est le week-end du 11 novembre et la tempête fait rage. Bref ! tout va bien.

 

Workan doit surveiller le temps d'un week-end deux agents de la CIA dont l'activité sur l'île est suspecte aux yeux des hautes sphères du pouvoir. Il s'y colle donc le Lucien, pas forcément de gaieté de coeur, entraînant son adjoint et son très utile bateau, et Roberto, souvent à côté de la plaque. Il est également suivi malgré lui par deux collègues, Leila et Cindy, au potentiel érotique assez élevé, surtout Leila.

 

Normalement la surveillance devrait être facile, mais en arrivant, Workan découvre une foule (enfin, n'exagérons pas) inattendue. En dehors des deux Américains et des patrons de l'hôtel-restaurant, il y a une famille en sminaire et un ancien militaire unijambiste accompagné d'un hurluberlu répondant au doux nom de Berty. La tempête empêche tout possibilité de quitter l'île, le restaurant n'a pas suffisamment de vivres pour nourrir tout ce petit monde trop longtemps, et les choses s'emballent... on découvre vite un cadavre.

 

Forcément le tueur est sur l'île, et il est même parmi les habitants de l'hôtel. Workan improvise une salle d'interrogatoire et commence avec son équipe à mener l'enquête. On se croirait chez Agatha Chrsistie, l'humour déjanté en plus. Parce que Workan a un humour bien particulier, comme son caractère, aux dire de ses supérieurs. Quel personnage ! Je l'ai adoré !

 

Mais les autres ne sont pas mal non plus. Voyez donc. En dehors de ce flic râleur, têtu, parfois, souvent même, et de mauvaise foi (il ne serait pas Breton des fois ?), on a entre autres un apprenti tueur à gages au look de rockeur et qui enchaîne les gaffes (je l'imagine comme le fils caché de Dick Rivers et de Pierre Richard), un unijambiste qui a fait l'Indochine et un ado surdoué qui soûle Workan de connaissances encyclopédiques et de petites phrases énigmatiques. J'oubliai, il y a aussi un soldat allemand de la Deuxième Guerre mondiale, ben oui. Tous sont suspects pour Workan, sauf peut-être le soldat allemand... 

 

Un huis-clos sur fond d'Histoire, tès bien documenté, qui se laisse lire et qui laisse bien souvent le sourire aux lèvres, et la chevelure en bataille, parce que , bou diou ! quelle tempête !

 

Si je n'ai pas été captivée par l'intrigue, j'ai vraiment aimé le commissaire Workan et son équipe de branquignoles. J'ai aussi beaucoup apprécié l'écriture de Hugo Buan, sa façon de croquer ses personnages, mais aussi de parler de la Bretagne et des éléments qui se déchaînent. Qaunt à son humour, il n'a pas été sans me rappeler parfois celui d'Audiard. D'ailleurs, j'imagine tout à fait une adaptation pour le cinéma.

 Voir l'avis de Anne

Pour le challenge Thrillers et Polars  Challenge thriller

 

 

 

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14 septembre 2012 5 14 /09 /septembre /2012 07:03

 

Sauver sa peauSauver sa peau– (Hide) - Lisa Gardner- Traduction de l'américain de Cécile Deniard

 

Quatrième de couverture

Sally, Cindy, Lucile… Depuis l’enfance, Annabelle Granger s’est habituée à devoir changer brusquement de prénom, de nom, de maison, de ville, d’histoire… sans que ses parents lui donnent la moindre explication. Bien plus tard, la découverte, dans une chambre souterraine de l’ancien hôpital psychiatrique de Boston, des cadavres de six fillettes fait la une des journaux. L’une d’elles porte un médaillon au nom d’Annabelle Granger. L’heure n’est plus à la fuite et Annabelle décide de sortir enfin de l’ombre. Mais le tueur est toujours aux aguets. Il l’attend. Depuis vingt-cinq ans. Le début surprenant d’un suspense qui ne l’est pas moins…

Toujours difficile de parler d'un polar sans trop en dévoiler alors que l'intérêt de ce genre de lecture est justement de faire des hypothèses, de jouer au fin limier, de démasquer le vilain...

Dans ce roman on commence par un mystère, celui d'Annabelle qui raconte sa vie à la première personne, ce qui nous rapproche forcément d'elle. C'est d'ailleurs le seul personnage de cette histoire qui se raconte ainsi. Il faut dire que sa vie est peu banale. S'adapter dès le plus jeune âge à changer de nom, à appeler ses parents par un nom différent, à de nouvelles villes, de nouvelles écoles , et tout ça sans en connaître la raison.

Son père l'a élevée dans la méfiance, la crainte d'un agresseur potentiel, ils ont constamment vécu sur la défensive. Mais pourquoi ? Maintenant qu'elle a 32 ans, Annabelle ne le sait toujours pas. Son père est mort dans un accident de la circulation et elle n'a jamais subi aucune agression. Pourtant, elle continue à vivre en essayant de passer le plus inaperçu possible, et à part un livreur d'UPS qui lui apporte régulièrement du matériel pour son travail, elle n'a aucune vie sociale. Elle en veut à son père, qu'elle soupçonne d'avoir été un paranoïaque de haut niveau, de lui avoir gâché la vie, sans parler d'avoir provoqué la mort de sa mère.

L'annonce de la découverte des corps de petites filles dont une porterait son nom l'oblige à sortir de sa réserve habituelle et c'est le début d'une suite de rencontres de personnages tous potentiellement coupables, de rebondissements surprenants et de fausses pistes trimbalant le lecteur d'une hypothèse à une autre jusqu'au final.

Annabelle ne sait plus si elle doit se sentir victime, mais ce qui est sûr c'est que son histoire est liée à celles des enfants découverts dans l'ancien hôpital psychiatrique.

Les deux policiers qui vont s'occuper de l'enquête forment un duo assez classique, toutefois j'ai aimé que l'auteur n'en fasse pas des super-flics rentre-dedans. Ils sont souvent montrés avec leurs fêlures et leur part d'ombre.

L'intrigue est suffisamment bien menée pour amener à tourner les pages et ne pas pouvoir s'arrêter à la fin d'un chapitre en se disant, « je reprendrai demain ». Non, l'auteur applique une règle d'écriture qui a fait ses preuves et qui veut qu'à la fin d'un chapitre un élément nouveau fasse tourner la page pour connaître les conséquences de cet élément.

On n'a pas là un grand roman, ni une grande écriture – l'importance est donnée à l'intrigue plutôt qu'au style – mais on passe un bon moment à essayer de démêler tous les fils de cette histoire assez glauque.

J'aurai quand même une petite réserve sur la fin que je n'ai pas trouvée aussi bien que le reste. Mais finalement je me rends compte que rares sont les romans policiers qui me scotchent à la fin.

Malgré tout je ne boude pas mon plaisir d'avoir passé un peu de temps jusqu'à une heure avancée de la nuit avec ce roman.

Pour le challenge Thrillers et Polars chez Liliba et le Mois Américain chez Titine. 

                Challenge thriller            Mois américain 

 

 

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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 07:02

 

 

Garden of loveGarden of love – Marcus Malte Coup de coeur

 

 

Très difficile de parler de ce roman où l'atmosphère prend le pas sur l'intrigue, où rien n'est évident, où le lecteur est rapidement plongé dans une noirceur oppressante et quasiment envoûtante.

 

Alex, flic à la dérive et passablement alcoolisé, reçoit un manuscrit dont le titre inspiré de William Blake est Garden of love, le même que celui que le lecteur a entre les mains. Le jeu de piste commence. Pas de trace d'auteur.  Pourquoi diable Alex a-t-il reçu ça ? C'est d'autant plus étrange qu'il reconnaît sa propre histoire dans ce manuscrit. Qui a écrit cela et pourquoi ?

 Alex va partir à la recherche de l'auteur et va ainsi replonger dans des épisodes de son passé qu'il pensait avoir oubliés.

 Roman très déstabilisant car il y a plusieurs textes : nous passons de la lecture du manuscrit à celle des cahiers d'un autre personnage, Florence, puis aux carnets d'Ariel, personnage des plus énigmatique, sans compter l'histoire même d'Alex. De quoi se perdre ! Et on se perd vraiment, mais c'est cela qui nous fait avancer. Quelle est la relation entre ces personnages ? Quelle est la vérité dans tous ces récits ? Quelle est la part de fiction et de réalité dans cette fiction que nous propose Marcus Malte ?

 Avec ce roman tout le monde est manipulé, les personnages aussi bien que le lecteur.

 L'écriture est toujours très maîtrisée, et elle nous fait éprouver tout au long de la lecture un profond malaise. La lourdeur de l'atmosphère faite de non-dits, de secrets, est particulièrement bien rendue grâce à une écriture aussi simple que l'intrigue est complexe. L'auteur projette sans détour, dès le début, le lecteur dans un véritable labyrinthe.

 Il ne s'agit pas d'un polar habituel, ici l'enquête se focalise autant pour Alex que pour le lecteur sur la quête de sens.

 Un roman qu'il faudrait prendre le temps de relire pour savourer la maîtrise de la construction.

 

De Marcus malte j'avais déjà lu un superbe roman jeunesse (Il va venir). Garden of Love est le premier roman adulte que je lis de lui, mais c'est certain, je vais continuer ma découverte de cet auteur.

 

D'autres avis chez Karine -  BladelorL'Or des chambresKathel

 

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 07:03

Sur la mauvaise penteSur la mauvaise pente – Graham Hurley

 

Un cadavre, ou ce qu’il en reste, est retrouvé dans un tunnel, attaché aux rails, près de Portsmouth. Il était nu, ses vêtements soigneusement pliés et déposés à côté de lui.

C’est l’inspecteur Joe Faraday, tout juste de retour de vacances, qui va prendre l’enquête en charge. Il sera secondé par Paul Winter, lui aussi de retour d’un voyage d’une toute autre nature : il a été opéré d’une tumeur au cerveau et voit maintenant la vie très différemment.

Les deux hommes et l’équipe habituelle de Faraday vont devoir identifier le cadavre, et le mobile de ce qui semble à l’évidence être un meurtre.

Au cours de l’enquête, ils vont suivre différentes pistes, se perdre, et pour certains, frôler les limites de la légalité.

Winter se colle aux basques de Bazza Mackenzie le caïd de Portsmouth qui pourrait bien être lié au meurtre du tunnel, et il mène en parallèle une enquête sur une disparition étrange.

Les deux enquêtes, sur le cadavre du tunnel, et sur la disparition, vont se côtoyer, s’enchevêtrer à tel point qu'au début je me suis demandé si la victime n’était pas de la même personne dans les deux affaires.

J’avais lu de bons avis sur les romans de Graham Hurley et sur Faraday, son enquêteur. J’aurais peut-être dû commencer par le premier de la série, mais c’est Sur la mauvaise pente qui se trouvait dans ma Pal… Et dans ce volume, Faraday est loin d’être au premier plan. C’est Winter qui lui vole la vedette . Depuis son opération, il traîne sa solitude, et semble n’avoir qu’un seul ami auquel il restera fidèle quoi qu’il arrive. Ses relations avec Faraday évolueront vers un certain respect mutuel, malgré leurs approches très différentes du travail .

Les méthodes de solitaire de Winter et son nouveau mode de vie le rendent suspect aux yeux de sa hiérarchie, mais il n’en a cure. Il veut découvrir la vérité, coûte que coûte, même si son insistance l’amène à vivre une expérience aussi violente qu’humiliante (une virée à l’aveugle dans une voiture conduite par des inconnus, un grand moment du récit, et un grand moment d’écriture).

J’ai beaucoup aimé ce roman de procédure, où l’auteur prend le temps de détailler les avancées de l’enquête sans distiller d’ennui, ni faire retomber le rythme du récit. Les intrigues se croisent, s’emmêlent mais la construction est telle que le lecteur n’est jamais laissé à l’abandon. Certes, on se pose nombre de questions, on fait des hypothèses qui s’effondrent dès la page tournée, et cela jusqu’au final pour le moins surprenant.

Les deux personnages principaux, Faraday et Winter, sont attachants, l’un discret et rêveur, l’autre plus border-line. Mais les deux ont en commun de mener une vie solitaire, et d’avoir vécu un deuil.Ils sont terriblement humain. 

Portsmouth est un autre personnage tout aussi important dans ce roman. Hurley fait un portrait terrible et sans concession de cette ville, et par là même de l’Angleterre en général. Un lieu où règne la misère sociale, où l’économie parallèle a remplacé les emplois, où les marginaux sont légions.

Merci Madame Thatcher !

 

Lu dans le cadre du Mois anglais

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4 décembre 2011 7 04 /12 /décembre /2011 06:55

 

Longtemps je me suis couché de bonne heureLongtemps je me suis couché de bonne heure - Jean-Michel Gattégno Coup de coeur

 

 

Sébastien Ponchelet est un petit truand inculte et pas bien méchant. Il a partagé la cellule d'un bien plus grand bandit que lui et surtout bien plus cultivé. Ce dernier lui a parlé de tableaux, de peintres et d'écrivains, de livres, pendant ses mois de détention. Il écoutait, Sébastien, plus parce qu'il n'a jamais su dire non – c'est bien pour cela qu'il se retrouve en prison - que par intérêt réel. D'ailleurs ce n'est pas pour autant qu'il se précipite dans les musées ou qu'il se rue sur les livres une fois sorti de prison !

 Le hasard veut qu'il trouve un emploi de manutentionnaire dans une prestigieuse maison d'édition. Il manipule des livres toute la journée sans éprouver la moindre envie d'en lire un. Sa vie est monotone, et en plus il doit subir le harcèlement psychologique d'un petit chef, et endurer la bêtise de Gabriel, son collègue. Mais il ne dit rien, il n'est pas en position de le faire.

Sa vie se passe donc entre les trajets en métro, le boulot et le retour chez sa logeuse, une ancienne pute qui a la gentillesse de lui ouvrir les cuisses de temps en temps.

Cette petite vie pourrait continuer encore longtemps mais c'est sans compter sur deux faits apparemment anodins. Tout d'abord, il tombe sur un manuscrit dont la première phrase l'interpelle : Longtemps je me suis couché de bonne heure . Cette première phrase va le hanter, il va essayer d'en comprendre le sens sans pour autant lire la suite. Là,  personnellement, je me suis sentie très proche de Sébastien Ponchelet, n'étant jamais allée au-delà de cette première célèbre phrase de Proust. Mais passons...

Ensuite, durant ses nombreux et très longs trajets en métro, il remarque une jeune femme, livre à la main, qui ne semble pas s'apercevoir de l'existence du monde extérieur et dont le regard pétille. La lecture rendrait-elle heureux ? Cette femme va le hanter au moins autant que le manuscrit, même s'il sait bien qu'elle n'est pas faite pour lui. Vous pensez bien, une femme qui passe sa vie dans les livres, qu'est-ce qu'ils pourraient bien avoir en commun !

 Après ces deux découvertes, le manuscrit et Denise, Sébastien va changer. Il va refuser d'envoyer le manuscrit au pilon, et chercher à connaître l'auteur. A cela va s'ajouter une course à la recherche de L'Origine du monde de Courbet.

Roman classé dans le genre policier, oui, peut-être. Mais s'il y a enquête, un peu, il y a surtout quête. Quête de soi, quête de l'amour, quête du beau et du sens.

Encore un livre qui parle de livres. Mais l'originalité ici, c'est que le héros est bien loin d'être un lecteur passionné. Simplement, il a été intrigué par une phrase qui l'a fasciné, l'a embobiné au point de le faire basculer du côté des livres.

L'auteur nous parle ici de l'importance de la première rencontre, comme en amour, le coup de foudre, inexplicable ...Cette première phrase qui va donner envie d'aller plus loin et qui va faire que le lecteur ne sera plus le même après.

Jean-Pierre Gattégno donne ici un magnifique portrait d'homme qui s'ouvre au désir à travers la découverte des œuvres et la compréhension de la création. C'est touchant, c'est drôle, c'est jubilatoire.

Ce benêt de Gabriel avait tout compris sans le savoir : « Fais attention dit-il, si on a lu la première phrase d'un livre, il paraît qu'on peut être capté, on lit la deuxième, et après, c'est foutu. »

 

 

 

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