Pico Bogue
Dominique Roques Alexis Dormal
Chaque année je fais un tour au festival de BD à Blois (si vous ne connaissez pas courrez-y, 3ème ou 4ème week-end de novembre). C’est à taille humaine, les auteurs présents sont nombreux et on y fait de belles découvertes, notamment dans les expositions.
Cette année, la première salle dans laquelle je suis entrée était remplie de visiteurs souriants. Tous adultes, certains souriaient simplement, d’autres éclataient d’un petit rire aussitôt réprimé après avoir jeté un œil alentour. Franchement, ça ne fait pas sérieux de s’esclaffer tout seul dans une expo dédiée à un petit personnage de BD, surtout quand on n’a pas l’excuse d’être accompagné par un enfant !
Ma curiosité a été piquée ; je me suis lancée dans la découverte des planches, croquis et autres extraits d’albums, et comme les autres, je me suis surprise à sourire, à rire franchement, et je suis devenue accro à Pico Bogue.
C’est qui Pico Bogue ? C’est un garçon presque ordinaire qui vit avec sa petite sœur Ana Ana, et ses parents. Il a des copains à l’école et des grands-parents, Papic et Mamite. Haut comme trois pommes, il a une chevelure rousse indomptable.
Dit comme cela ça peut paraître une BD pour petits, une lecture un peu simpliste.
Mais que nenni ! Tous les âges peuvent s’y retrouver et y prendre plaisir.
Ce Pico Bogue est désopilant. Il aime discuter de tout, il a un avis sur tout et il use et abuse de son sens de la répartie pour se sortir de situations délicates avec les adultes, particulièrement ses parents dont on ne peut qu’envier le calme et la sérénité – ou est-ce simplement de la lassitude qu’ils éprouvent face aux deux petits monstres qu’ils ont à la maison ?
Si Pico se plaint parfois de sa sœur dont la naissance lui a supprimé le statut d’enfant unique adoré, il fait souvent équipe avec elle pour des joutes verbales hilarantes et des concours de « la réplique qui tue ». Ces deux-là ont une philosophie de la vie bien à eux. C’est vrai qu’elle est craquante aussi Ana Ana, avec son énergie, sa spontanéité et son air de ne pas y toucher.
En une planche, deux maximum, les auteurs (mère scénariste et fils dessinateur) développent à chaque fois des petits récits, sans jamais tomber dans la mièvrerie, avec toujours beaucoup d’humour et d’intelligence. Tout y passe : l’école, les relations familiales, l’amour… Ce n’est pas sans rappeler parfois Le Petit Nicolas.
Cette BD est également visuellement attrayante, et le parti pris de l’aquarelle apporte aussi une forme de poésie aux situations humoristiques.