Vous avez déjà vu une ado hystérique (pléonasme ?) venir vers vous en hurlant « le dernier est sorti ! le dernier est sorti ! il me le faut ! » ?
Après avoir réussi à lui faire dire de quoi il s’agissait et devant son regard atterré « quoi ? Tu ne connais pas la série de l’épouvanteur ????? ». Et vlan, vous vous retrouvez avec les 2 premiers volumes dans les mains (parce que vous avez été assez persuasive pour ne pas vous retrouver avec 6 volumes à dévorer immédiatement, oui, il est évident que vous allez aimer, qui n’aime pas l’épouvanteur !!!!! Les vieux peut-être ????)
Défi relevé, j’ai lu les 2 premiers volumes .
L'Apprenti épouvanteur – T.1 Joseph Delaney
Tout d’abord, l’objet : chaque volume ressemble à un vieux grimoire, et on est tout de suite dans une époque et un monde qui évoque sorcellerie, moyen-âge et êtres étranges.
Dans ce monde, on rencontre Tom « septième fils d’un septième fils ». A 13 ans il vit avec sa famille dans une ferme et possède un don particulier, celui de voir ou d’entendre ce que le commun des mortels ne perçoit pas. Sa mère semble connaître beaucoup de choses pour une fermière et elle décide d’envoyer Tom en apprentissage chez l’Epouvanteur : celui qui dans le comté chasse les sorcières, les gobelins et différentes choses que je n’aimerais pas rencontrer le soir au coin d’une rue…
Il quitte donc ses parents, un peu à regrets et avec appréhension, même si ne plus avoir à s’occuper des travaux de la ferme lui convient assez bien. Tom apprend à connaître cette fonction qui permet aux gens du comté de dormir tranquille mais qui fait d’un épouvanteur un être souvent détesté, et donc sans amis. Il prend malgré tout cela à cœur et son maître est très exigent. Au fil des leçons, nous découvrons en même temps que le jeune apprenti les caractéristiques des différentes sorcières, et fait essentiel, qu’il faut se méfier des filles qui portent des souliers pointus.
Bien sûr, Tom en rencontre une, Alice, la petite fille de la Mère Maulkin, terrible sorcière que Tom a libéré dans un élan de générosité qu’il va bientôt regretter. Cette sorcière va semer la terreur dans le comté et Tom va affronter bien des dangers pour réparer ce que son inexpérience et sa naïveté ont provoqué.
Il s’agit comme souvent en littérature jeunesse du parcours initiatique d’un jeune héros. Mais l’originalité ici est que l’action se situe dans un monde que nous connaissons (hormis les gobelins et leurs copains). Il s’agit non pas d’un monde rétro-futuriste créé par l’auteur mais tout rappelle l’Angleterre avec ses petits villages, sa campagne verdoyante, le tout ancré dans une époque qui ressemble de très près au Moyen-âge .
L’écriture est simple et le schéma est traditionnel, mais le tout se laisse lire avec plaisir. Les monstres sont de vrais monstres, les descriptions n’épargnent rien de leurs physiques effrayants ni de leurs agissements les plus cruels. Les rebondissements sont nombreux et on ne s’ennuie pas un instant. Le personnage de Tom est attachant, il n’est pas de ces héros-enfants qui affrontent les pires dangers sans ciller – il doute, il désobéit, il fait des erreurs, et c’est cela qui l’aide à grandir. Tout dans cet univers n’est pas tout blanc ou tout noir.
Il y a assez peu de personnages et il est donné au lecteur le temps de les connaître ou de s’interroger sur eux. On devine que la mère de Tom n’est peut-être pas ce qu’elle prétend être, que l’épouvanteur cache des secrets qui pourraient le rendre plus humain qu’il n’y paraît et Alice est particulièrement intéressante. On ne sait pas si elle manipule Tom, si elle deviendra comme le reste de sa famille, une sorcière maléfique (oui, parce que, sachez bonnes gens, qu’il en existe des repenties) ou si elle choisira de changer.
C’est d’ailleurs la question qui traverse ce roman, celle de l’inné, de l’acquis, du déterminisme. A ce titre, les personnages de la mère de Tom et d’Alice sont particulièrement intéressants et les pistes sont posées pour donner envie de lire la suite. Ce que je me suis empressée de faire…
La Malédiction de l’épouvanteur
T.2 Joseph Delaney
Tom n’est apprenti chez l’épouvanteur que depuis 6 mois mais il a déjà eu affaire à des fantômes, des sorcières mangeuses d’enfants, et autres gobelins. L’épouvanteur étant malade (ça arrive aux meilleurs d'entre nous !), Tom est envoyé seul à Priestown pour enfermer dans une fosse un éventreur, un des plus dangereux spécimens de gobelins. Et là, croyez-moi sur parole, il est terrifiant. Il a déjà avalé la jambe d’un prêtre, et si Tom réussira à isoler la bête, rien ne pourra sauver l’homme qui mourra quelques jours plus tard. C’est homme s’avère être le frère de l’épouvanteur. Ce dernier décide d’aller à l’enterrement de son frère, même s’ils ne se parlaient plus depuis fort longtemps. Il part avec Tom avec pour but également de terminer un travail. En effet, des années auparavant, il avait échoué à éliminer le Fléau, une créature des plus maléfiques qui reprend des forces et menace le comté et ses habitants.
Mais le Fléau n’est peut-être pas le pire ennemi de l’épouvanteur et des habitants du comté : l’inquisiteur est arrivé dans la ville traînant avec lui une charrette pleine de soit-disant sorciers qu’il va mener au bûcher après un procès expéditif. Et parmi eux Tom reconnaît Alice.
Nos héros vont devoir lutter à la fois contre deux monstres, car l’inquisiteur, s’il a forme humaine, n’est pas moins cruel et inquiétant que le Fléau.
La question de la religion et du fanatisme est posée, certaines scènes de torture ou de bûcher sont assez dures, sans jamais sombrer dans le sordide.
Dans ce deuxième volume, le personnage d’Alice va prendre une importance considérable, on va apprendre beaucoup sur la jeunesse de l’épouvanteur et sur son parcours, ainsi que sur les origines de la mère de Tom.
Le rythme est dense, l’action s’intensifie.
Encore un bon moment de lecture.
Je ne lirai peut-être pas les volumes suivants, quoique…j’en connais une qui m’attend au tournant…mais maintenant je pourrai dire : comment, tu ne connais pas l’épouvanteur ?????