Silence, on irradie !
Christophe Léon
C'est un court roman, une centaine de pages seulement, qui ne laisse pas indifférent.
Une première partie nous amène à rencontrer Sven, un jeune garçon qui vit dans un village qu'on pourrait situer quelque part à l'est de l'Oural. Ce village semble isolé de tout et les habitants travaillent tous à la centrale nucléaire. Nombre d'entre eux souffrent de maux étranges : Sven a perdu tous ses cheveux, sa mère perd ses dents et la peau de son père est couverte de taches brunes.
Alors qu'il a 14 ans, Sven va régulièrement se baigner dans les eaux toujours chaudes d'un lac artificiel même si cela lui est formellement interdit. C'est lors d'une de ses escapades qu'une explosion souffle entièrement le village et ses habitants. Sven, sa petite soeur Siloé , et un attardé mental, Grégoras, échappent par miracle à l'accident. Instinctivement, Sven refuse de se montrer quand les chars et les hommes en combinaisons blanches arrivent sur les lieux du désastre.
Au fil des pages nous accompagnons les trois jeunes dans leurs journées à la recherche de survivants, de nourriture et d'eau. A ce trio s'ajoute un jeune médecin dermatologue qui a bravé l'interdit de la zone de la catastrophe pour aller au secours d'une jeune institutrice qu'il a aperçu quelques jours avant. Au fur et à mesure que l'espoir diminue, le rythme s'accélère et le récit se focalise tour à tour sur l'un de ces compagnons d'infortune.
La tentative désespérée de Sven pour sauver sa petite sœur m'a fortement évoqué "Le Tombeau des lucioles" de Akiyuki Nosaka, tout comme la fin ouverte, même si elle ne laisse aucun espoir, m'a ramenée à une lecture magnifique et qui me hante encore, celle de "La Route" de Cormac McCarthy.
Loin d'être dénué d'une certaine forme de poésie, ce texte difficile et poignant est aussi militant bien sûr (difficile de ne pas penser à Tchernobyl). La littérature jeunesse peut aussi servir à cela.