La Souris bleue - Kate Atkinson
(Titre original - Case histories)
Le roman commence par trois intrigues, comme trois nouvelles, qui n'ont de commun que le fait de relater à chaque fois la disparition d'une jeune fille. La première raconte la disparition en 1970 d'une fillette de trois ans au beau milieu de la nuit alors qu'elle campait dans le jardin familial avec une de ses sœurs. La deuxième histoire est celle d'une jeune fille égorgée sur son lieu de stage en 1994 par un fou furieux que personne n'a vraiment vu. Et la troisième fait état de la disparition d'une très jeune femme disparue après avoir assassiné son mari à coup de hache en 1979.
Ces histoires n'ont absolument rien à voir les unes avec les autres jusqu'à ce qu'en 2004 le hasard (mais le hasard existe-t-il ?) mette ces trois affaires non résolues entre les mains de Jackson Brodie, ancien policier reconvertit en détective privé et qui s'ennuie mortellement à Cambridge où seules les affaires de maris jaloux semblent occuper ses journées.
Ces enquêtes sont donc menées par le charmant Jackson Brodie, râleur, un brin solitaire, et surtout si attendrissant à chaque fois qu'il angoisse à l'idée de voir grandir sa fille alors que le monde n'est rempli que de pédophiles, de tueurs en série et autres pervers, c'est bien connu ! Sans parler des dangers de la télé et de la malbouffe ! Il cherche donc, et il rencontre autant de personnages très hauts en couleur et si finement décrits qu'ils nous deviennent rapidement très proches. Chacun d'entre eux, plus ou moins marginal, est un rouage des drames familiaux qui sont à l'origine ou la conséquence des trois disparitions.
Les intrigues se mêlent avec virtuosité. On ne se perd jamais, malgré les nombreuses errances apparentes, et on jubile à suivre les indices semés avec intelligence tout au long du récit parsemé de fausses-pistes. C'est du grand art !
En fait, Kate Atkinson, sous prétexte d'enquête policière, dresse avec bonheur un portrait à la fois attendri et ironique, voire caustique, de ses contemporains et de la société anglaise. C'est une étude de mœurs débordant d'imagination et d''humour si « british ».
J'avais découvert Kate Atkinson avec un recueil de nouvelles, C'est pas la fin du monde, puis avec Dans les coulisses du musée, et là encore c'est du pur bonheur. Je vais donc continuer mon parcours Atkinson, c'est sûr.
Billet aussi chez Cécile (La lecture émoi)