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9 juillet 2011 6 09 /07 /juillet /2011 07:39

 

Le Pouce d'un autreLe Pouce d'un autre – Dominique Resch

 

J'avais adoré Les Poules (prêté comme celui-ci par Liliba) du même auteur.

Le personnage principal (l'auteur lui-même ?) est étudiant et son objet d'étude de prédilection est la gent féminine.

Cette obsession n'a ici rien d'indécent, rassurez-vous. C'est drôle, vraiment drôle.

On s'amuse beaucoup à suivre ce grand adolescent qui se la joue sûr de lui, mais qui n'en mène pas large devant les filles...

Il gagne un semblant d'indépendance en devenant surveillant d'internat, il passe plus de temps chez les copains qu'à la fac (ça ne vous rappelle rien ?) et profite au maximum de cette période bénie où on a atteint l'âge de raison mais où on ne nous demande pas de vivre en adulte responsable.

On croise avec lui de nombreux autres personnages tous plus ou moins déjantés, et ma préférence va sans hésiter à Patrice, un illuminé qui s'incruste mais qui est si gentil que personne n'ose lui demander de trouver son propre logement, même quand il a décidé de vivre nu 24h/24 . Vous pouvez imaginer les problèmes que cela pose à ses colocataires !

J'ai beaucoup aimé retrouver le style alerte et plein d'humour de Dominique Resch, roi de la digression – digression qui accompagne avec bonheur et tendresse les errances de ses personnages.

 


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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 14:10

Montana 1948Montana 1948 – Larry Watson

 

David Hayden appartient à une famille respectée à Bentrock,  Mercer County, coin désolé du Montana – son grand-père y  exerce encore une influence notable, même s’il n’en est plus le shérif . C’est le père de David qui a repris la charge, sa femme aurait préféré qu’il soit avocat. Quand à l’oncle, Franck , homme séduisant, héros de la guerre et  le fils préféré du vieux Julian, il est médecin et exerce entre autre dans la réserve indienne située à proximité de la ville.

Les Indiens font partie du paysage, on les tolère comme domestiques, sans plus.

Mary Little Soldier travaille pour la famille de David, elle s’occupe de la maison et de David. Bien sûr il est trop grand pour avoir une nounou, et à 12 ans il se sent presque un homme et  s’avoue un petit penchant pour elle.

Un jour Mary n’arrive pas à se lever, elle est malade. Sa toux empire et la mère de David s’inquiète, elle veut appeler un médecin mais Mary refuse catégoriquement d’être soignée par Franck Hayden. Elle dit aller bien, minimise son état.

Pourtant la fièvre ne la quitte pas et Madame Hayden fait quand même venir son beau-frère. Dans la chambre aussitôt des cris retentissent et Mary supplie qu’on ne la laisse pas seule avec le médecin. Elle finit par se confier à la mère de David et lui avoue que Franck Hayden profite de son pouvoir de médecin pour abuser de jeunes Indiennes à la réserve.

C’est alors que l’univers de David bascule. Bien sûr, ses parents essaient de l’épargner et l’écartent de leurs conversations, mais sa curiosité a été éveillée et il espionne, il écoute, et petit à petit il comprend tout. Il comprend la consternation de sa mère, le dilemme de son père qui doit prendre la décision de se conduire en frère ou en shérif. David découvre aussi le fonctionnement de leur petite ville repliée sur elle-même dans ce coin perdu du Montana, et le racisme ordinaire envers les Indiens. Son monde s’écroule et c’est quarante ans plus tard, toujours hanté par les événements, qu’il nous en livre le récit.

 

La force de Montana 1948 se trouve dans les personnages campés avec subtilité. Vus à travers les yeux d’un enfant de 12 ans, tour à tour ils s’enferrent dans leurs certitudes ou se débattent avec leurs doutes. Leur monde jusque-là bien établi s’écroule. David est le témoin innocent et impuissant de ces bouleversements.

Montana 1948 est un roman d’apprentissage, roman social aussi, bien ancré dans une époque et une région. Dès les premières lignes l’écriture sobre et efficace va à l’essentiel et entraîne le lecteur, auprès de David, dans la tourmente vécue par la famille Hayden.

 

Je ne suis pas seule à avoir passé un bon moment dans le Montana, malgré le vent et la rudesse du paysage (bien différent de ce à quoi le grand, l’unique Robert R. m’avait habituée – oui, Robert et moi, c’est une longue histoire…). D’autres billets via le blog de Scor13 et grand merci à elle pour son livre voyageur et cette belle découverte.


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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 07:35

 

Mma-Ramotswe-detective-3.jpgMma Ramotswe détective – Alexander Mc Call Smith

Titre original : No.1 Ladies Detective Agency

 

Vous connaissez Mma Ramotswe ? Non ?

Mma Ramotswe, de son petit nom, Precious, est un personnage à découvrir !

A la mort de son père, elle décide d'utiliser son héritage pour ouvrir une agence de détective. Ce n'est pas commun à Gaborone, capitale du Botswana. Surtout qu'elle n'a aucune expérience.

Après une enfance choyée par un père et une belle-mère aimants, elle a vécu des moments difficiles auprès d'un mari alcoolique et violent. Elle a également perdu un bébé. Mais c'est une gagnante cette Precious, elle n'est pas du genre à se laisser abattre.

Elle compte sur son flair, son sens de l'observation, son culot incroyable. Les affaires lui arrivent d'ailleurs sans avoir besoin de faire de publicité, et sont résolues avec une rapidité et une facilité incroyables.

Ses affaires se résument à traquer les maris absents et des escrocs en tout genre, rien d'extraordinaire.

Elle traîne son grand corps nonchalant dans la capitale (on se demande d'ailleurs comment elle arrive à passer inaperçue lors de ses filatures), à pied ou dans sa camionnette blanche, passe son temps à lire des magazines et à boire du thé rouge, et feint d'ignorer les yeux doux que lui fait son ami le garagiste.

Les enquêtes n'ont pas vraiment d'importance, trop vite résolues, sans lien apparent (il paraît qu'en fait l'auteur voulait rédiger des nouvelles et qu'il a fini par tout rassembler, ceci explique peut-être cela).

L'intérêt de cette lecture, et je vous assure qu'il y en a un, c'est ce personnage de Mma Ramotswe, une plantureuse femme africaine qui aime son pays et qui y pose ainsi que sur ses compatriotes, un regard amoureux.

C'est également la découverte de ce pays, des couleurs, des odeurs et des saveurs. On part vraiment en voyage avec Mma Ramotswe. On découvre une autre Afrique. Rien à voir avec les luttes fratricides, les exactions de tout poil...Certes on découvre qu'il y a des trafics d'enfants réduits à l'eclavage, des pratiques de sorcellerie d'un autre âge, mais avec Mma Ramotswe, justice est toujours faite.

Il ne faut pas s'attendre à lire un roman policier, mais passer outre le besoin d'intrigue et de suspense pour se laisser porter par la poésie de ce personnage et par la magie de ce pays, sans oublier l'humour, toujours présent.

 

Lecture commune avec Sharon et Edith (Livre d'Ed-en)


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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 07:07

 

 

La mécanique du coeurLa Mécanique du cœur – Mathias Malzieu

 

Quatrième de couverture

Edimbourg, 1874. Jack naît le jour le plus froid du monde et son cœur en reste gelé. Mi-sorcière mi-chaman, la sage-femme qui aide à. l'accouchement parvient à sauver le nourrisson en remplaçant le cœur défectueux par une horloge. Cette prothèse fonctionne et Jack vivra, à condition d'éviter toute charge émotionnelle : pas de colère donc, et surtout, surtout, pas d'état amoureux. Mais le regard de braise d'une petite chanteuse de rue mettra le cœur de fortune de notre héros à rude épreuve prêt à toit pour la retrouver, Jack se lance tel Don Quichotte dans une quête amoureuse qui le mènera des lochs écossais jusqu'aux arcades de Grenade et lui fera connaître les délices de l'amour comme sa cruauté. Conte désuéto-moderne mâtiné de western-spaghetti, La Mécanique du Cœur vibre d'une rugueuse force poétique où l'humour est toujours présent. Mathias Malzieu soumet aux grands enfants que nous sommes une réflexion très personnelle sur la passion amoureuse et le rejet de la différence, donnant naissance à un petit frère de Pinocchio qui aurait fait un tour chez les Freaks de Todd Browning.

 

Tout au long de cette lecture j'avais en tête des images et une petite musique qui n'étaient pas sans rappeler l'univers de Tim Burton.

Si vous voulez passer un bon moment plein de poésie et de fraîcheur, lisez cette Mécanique du coeur.

Suivez Jack dans ses aventures sur les traces de son premier amour. Parcourez avec lui les routes de l'Ecosse à l'Espagne. Laissez-vous porter par la poésie de ce conte pour adultes qui vous parlera d'amour de la vie, de dépassement de soi, d'acceptation de la différence, le tout dans une très belle langue et souvent avec humour.

Un très bon moment, rafraîchissant.

 

Un conseil ….

« Premièrement, ne touche pas à tes aiguilles. Deuxièmement, maîtrise ta colère. Troisièmement, ne te laisse jamais, au grand jamais, tomber amoureux. Car alors pour toujours à l’horloge de ton coeur la grande aiguille des heures transpercera ta peau, tes os imploseront, et la mécanique de ton coeur sera brisée de nouveau. »

 

...qui ne sera pas suivi...

  "Mon coeur accélère encore, j'ai du mal à reprendre mon souffle. J'ai l'impression que l'horloge enfle et qu'elle remonte dans ma gorge. Est-ce qu'elle vient de sortir un oeuf? Est-ce que cette fille se mange? Est-ce qu'elle est en chocolat? Qu'est-ce que c'est que ce bordel? J'essaie de regarder dans ses yeux, mais son incroyable bouche a kidnappé les miens. Je ne pensais pas qu'on puisse passer autant de temps à observer une bouche. Tout à coup, le coucou dans mon coeur se met à sonner, très fort, bien plus fort que lorsque je fais mes crises. Je sens mes engrenages tourner à toute vitesse, comme si j'avais avalé un hélicoptère. Le carillon me brise les tympans, je me bouche les oreilles et bien sûr, c'est encore pire. Les aiguilles vont me trancher la gorge."

 

Un petit roman voyageur découvert grâce à Liliba.


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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 15:02

Spellman et associésSpellman et associés – Lisa Lutz

 

Quand un détective rencontre une apprentie détective, qu'ils tombent amoureux et fondent une famille, que peuvent bien devenir les enfants ? Détectives bien sûr ! C'est la cas d'Isabel et de sa petite sœur Rae, de 14 ans sa cadette. Certes, ça ne marche pas pour David, l'aîné, parfait physiquement et d'une intelligence rare. Bon, c'est peut-être aussi pour ça qu'il ne suit pas la tradition familiale... Il s'éloignera un peu sans jamais être bien loin dans son cabinet d'avocats.

Quant à Isabel, elle ne sait rien faire d'autre que cultiver sa différence. Ben oui, quand on a un aîné parfait, qu'est-ce qu'on peut bien faire d'autre pour se faire remarquer que de devenir une junkie délinquante et essayer les pires trucs accompagnée de sa meilleure copine ?

Bref, la famille Spellman est ultra-déjantée.

Les parents, Albert et Olivia, ont installé une salle d'interrogatoire au sous-sol, ils y retiennent leurs enfants sous le feu de leurs questions quand ces derniers ont commis des bêtises. Enfin, surtout Isabel, parce que je le rappelle,David est parfait et Rae est trop jeune.

Et puis vient s'ajouter à cette famille l'encombrant oncle Ray qui passera d'une vie sans alcool, tabac ou..., à la débauche la plus complète. Il finira par rejoindre ponctuellement l'agence de détectives familiale.

Dans ce premier volume, on découvre la vie des Spellman à travers les yeux d'Isabel.

Alors qu'on s'attendrait à les voir enquêter sur des maris jaloux, des femmes trompées, des employés indélicats qui lorgneraient de trop près la caisse, la plupart de leurs filatures, et autres activités d'espionnage ont pour cible principale les membres de leur propre famille.

Et que je t'espionne le petit gars qui reluque la mère d'un peu trop près, et que je fasse chanter le grand frère, et que je soudoie la petite pour savoir avec qui sort la grande sœur. Pas facile cette famille ! Et dans le genre, malgré l'extravagance d' Isabel, c'est quand même la mère qui détient le record ! Elle veut absolument caser Isabel avec un avocat, et utilise toutes les ficelles les plus ignobles pour y arriver. Une mère comme ça, mais...je ne sais pas, moi !! je serai capable d'engager un tueur à gages pour m'en débarrasser ! Et la fille ne dit rien ! Ou presque...

Cette surenchère d'espionnage et d'intrusion dans la vie privée des uns et des autres va conduire à la disparition de Rae.

L'enquête qui va s'ensuivre n'est en fait qu'un prétexte pour nous faire découvrir cette famille peu ordinaire qui fait rire, agace, étonne et attendri parfois.

Ce roman n'a pas grand chose à voir avec un roman policier, mais il est sympathique et se lit d'une traite. Toutefois je ne sais pas si la loufoquerie de cette famille ne va pas s'essouffler au bout d'un moment, ni quel souvenir il m'en restera dans quelques mois. J'ai le deuxième dans ma PAL, et une lecture commune avec Syl. est programmée pour fin août. On verra.

 

 

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27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 08:00

  

MaupratMauprat– George Sand

 

Bernard Mauprat est un vieil homme solitaire et respecté. Le narrateur a entendu parler de lui et de sa vie peu commune. Souhaitant en savoir plus, il rencontre le vieil homme qui lui raconte son histoire.

Orphelin à sept ans, Bernard est élevé par son grand-père Tristan au château de la Roche-Mauprat. Tristan de Mauprat et ses fils dépravés, la branche aînée de la famille, surnommés les Coupe-Jarret, font régner la terreur dans la campagne environnante. C'est dans cette atmosphère que Bernard grandira, entre violence, mauvais traitements et perversion, alors que son grand-oncle, Hubert de Mauprat, représentant de la branche cadette, n'ayant qu'une fille, Edmée, avait toujours voulu adopter Bernard.

Un soir, une jeune fille égarée dans la forêt, se réfugie au château, sans savoir qu'il a été décidé de l'offrir à Bernard pour qu'il prouve sa virilité. Mais séduit par la beauté de la jeune fille qui s'avère être Edmée de Mauprat, Bernard décide de la sauver, et par la même occasion d'échapper lui-même à ses oncles et à leur vie de violence et de débauche à laquelle il a participé mais qu'il n'a jamais approuvée.

Bernard, recueilli par Hubert de Mauprat, vivra désormais au château de Saint-Sévère, où Edmée et son père tenteront de lui apporter l'éducation dont il a manqué.

 

A ma grande surprise, j'ai lu ce roman d'une traite. J'avais depuis longtemps fait une croix sur les romans de George Sand, écrivain liée à des souvenirs scolaires pesants. Et puis, le miracle de la blogosphère et des lectures communes...

J'ai donc aimé ce roman d'aventures, d'amour, ce roman gothique, féministe, social et politique, philosophique et d'éducation.

Oui, il est tout cela à la fois, et sûrement bien plus encore.

J'ai aimé les personnages.

Les Mauprat, fourbes et vivant de pillages, dans la violence et la barbarie. Ils sont les premiers à nous faire vivre des aventures dignes de romans de cape et d'épée, et les scènes d'attaques et de poursuites donnent du rythme au récit.

Les aventures de Bernard ne sont pas moins intéressantes lorsqu'il veut échapper à cette famille détestable, tout comme lorsqu'il part se battre pour la liberté en Amérique.

Ces scènes alternent avec des scènes romantiques entre Bernard et Edmée, ou de tendresse entre Edmée et son père, mais aussi avec des scènes dignes des romans gothiques anglais. Les éléments principaux y sont : les décors impressionnants de châteaux en ruines, de chambres secrètes, l'atmosphère pesante de forêts inquiétantes, d'orages terrifiants, sans oublier les revenants, les jugements, les seigneurs et le clergé pervers et cruels, et les âmes nobles ou en danger.

George Sand semble avoir été une lectrice de ce genre littéraire et en connaitre tous les codes. Mais Mauprat ne se limite pas à cela, elle y fait également une peinture fine de la société et de la politique françaises quelques années avant la Révolution. Les salons parisiens et leur « bonne société » sont égratignés, tout comme l'Église. A ce titre le personnage de l'abbé Aubert, confesseur et ami d'Edmée puis de Bernard est un personnage intéressant.

Un autre personnage essentiel de ce récit est Patience, paysan doué d'une intelligence exceptionnelle mais réfractaire à toute éducation traditionnelle. En cela, il a beaucoup de points communs avec Bernard. En effet, ce dernier, dont l'intelligence a été laissée en friche par sa famille de rustres, refuse toute sorte d'éducation. Mais Edmée, instruite et férue des idées nouvelles du siècle des Lumières et particulièrement attachée aux idées de Rousseau, ne laissera Bernard l'approcher que s'il parvient à s'élever à son niveau de culture. Elle met toute son énergie, aidée de ses amis l'abbé Aubert et Patience, à faire passer Bernard de l'état de brute inculte à celui de jeune homme cultivé capable de penser par lui-même et de freiner ses instincts . Par le truchement d'Edmée, George Sand pose là la question de l'inné et de l'acquis et montre que sans savoir, l'homme n'est que bête.

Si Bernard est le conteur et apparemment le principal personnage de cette histoire, c'est bien Edmée qui est au centre de tout. C'est pour elle qu'il s'enfuit, c'est grâce à elle qu'il devient autre chose qu'une brute sanguinaire, comme ses oncles et son grand-père. Elle se donne pour mission d'éduquer Bernard et n'en démord pas, quitte à risquer de passer à côté du bonheur. Téméraire, elle décide de sa vie et ne se laisse pas enfermer dans un rôle de femme soumise ; on voit bien que ce personnage traduit toute la lutte de l'auteur pour le droit des femmes.

J'ai passé un bon moment avec Mauprat et ses personnages. Cette lecture m'a également permis de dépasser mes préjugés sur un auteur dont j'aime pourtant la correspondance et l'engagement dans son époque. Et chose à laquelle je ne m'attendais pas, ce roman m'a ramenée avec bonheur sur les petits chemins berrichons autour de La Châtre et de la Tour Gazeau, tour dont j'ai vécu à un jet de pierre pendant quelques années.

Prison La Châtre         La Tour GazeauTour Gazeau 

Prison de La Châtre devenue musée

 

Lecture commune avec Syl. , et Céline  

 

 

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4 mai 2011 3 04 /05 /mai /2011 07:17

 

 

L'orgine de la violence

 

 

L’origine de la violence Fabrice Humbert

 

 

Quatrième de couverture

Lors d’un voyage scolaire en Allemagne, un jeune professeur découvre au camp de concentration de Buchenwald la photographie d’un détenu dont la ressemblance avec son propre père le stupéfie et ne cesse de l'obséder. Ce prisonnier, David Wagner, est en fait son véritable grand-père. Peu à peu se met en place l'autre famille, la branche cachée, celle dont personne chez les Fabre n'évoque l'existence...

Au cours de sa quête, le jeune homme comprend qu'en remontant à l'origine de la violence, c'est sa propre violence qu'on finit par rencontrer.


    

Plus qu'une enquête sur ses origines, c'est d'une quête de soi qu'il s'agit, passé et présent étant très liés. Le narrateur va briser tous les silences et les secrets de famille, il va découvrir son père avec lequel il n'a que des relations superficielles, son grand-père Fabre aussi. Mais c'est surtout lui-même qu'il finira par mieux connaître.

 

En  reconstituant la vie de ce grand-père Wagner avant et pendant le camp, il donne un visage à tous les hommes qui sont morts à Buchenwald, et rend ainsi un très bel hommage à la mémoire de tous ces hommes assassinés dans les camps.


« Dorénavant, lorsqu’on tapera « Wagner », on lira : « David Wagner, né à Paris le 4 août 1915, déporté à Buchenwald, mort le 21 mars 1942.Oui, j’en suis sûre. J’écris pour cela. »

 

Le narrateur livre les résultats de son enquête avec profusion de détails sur la vie du camp, sur ceux qui l'administraient et qui y vivaient - car on y vivait, on y recevait, comme s'il s'agissait d'un lieu anodin. Les bourreaux sont présentés dans leur quotidien et deviennent ainsi paradoxalement presque humain.

 

La plupart des avis entendus ici ou là, très élogieux même, venant de certains critiques, m'ont poussée à lire L'origine de la violence. Mais j'ai eu du mal avec ce roman très, trop (?) documenté. Je suis pourtant allée jusqu'au bout de cette lecture, sans vrai déplaisir.

 

Alors, qu'est-ce qui m'a gênée ?

Peut-être le fait qu'on est toujours entre  roman et essai historique. J'ai parfois pensé que le côté fictionnel n'était que prétexte à une présentation historique du nazisme ou à une analyse philosophique de la violence.

J'ai également vu l'histoire d'amour entre le narrateur et la petite-fille d'un nazi comme artificielle, là aussi prétexte à montrer que la compréhension entre les deux nations, les deux peuples et les différentes générations est complexe, et que l'Histoire peut influer, longtemps après, sur l'histoire des individus.

D'autre part, la première personne utilisée pour le narrateur aurait dû me faire sentir proche de ce jeune homme obsédé par ses recherches. Ce n'est pas le cas.

Bien sûr j'ai été émue, révoltée, à la lecture de l'histoire de David Wagner - comment ne rien ressentir quand on parle de camps et de toutes ces victimes d'un régime inhumain ? Mais dès qu'il s'agissait du narrateur lui-même, une distance s'opérait immédiatement.

 

Je ressors donc avec une impression mitigée, me disant que je suis apparemment passée à côté d'un grand roman.



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27 avril 2011 3 27 /04 /avril /2011 00:00

 

Un petit livre (117 pages) qui a voyagé depuis le poulailler de Liliba.Coup de coeur


Les-poules2.jpegLes Poules – Dominique Resch

 

 

Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, et ce premier roman très original de Dominique Resch a été un vrai moment de bonheur de lecture.

 

 

 

 

Un jeune garçon, le narrateur, raconte ses premières années plongées dans le flou le plus total, puis comment dès l'arrivée de ses premières lunettes, le monde s'est éclairé, illuminé même, quand il a découvert les filles. Il est question d'éveil du désir (notamment grâce au catalogue de la Redoute !), de découverte de la sexualité.

« (...) un jour, des lunettes pemettent de voir les choses. Les mouches, les puces dans les chiens. Et dans la foulée, ces lunettes permettent de voir les filles. Et de les voir nettes, les filles. Et les filles, floues ou nettes, ce n'est pas la même chose. Floues, ça se confond avec le reste. Ca fait corps. Dans la fumée de cigarette des grands et les nuages de souvenirs de purée maternelle primitive. Nettes, ça n'a rien à voir. Il ne sera plus jamais question de se contenter de floues : c'est la naissance du désir. »

 

Cette découverte devient une obsession, il collectionne les images de « poules » qui viennent s'entasser dans une boîte à chaussures soigneusement cachée dans une pièce désaffectée puis dans le poulailler de la grand-mère. Ben oui, quoi, des poules dans le poulailler, quoi de plus logique !

 

Le style est très alerte, et très drôle. Je me suis surprise à rire toute seule dans le bus sous les yeux étonnés des ados encore endormis en partance vers une journée de boffitude lycéenne. Si j'avais osé je le leur aurais bien conseillé de lire ce petit roman, histoire d'égayer un peu leur journée.

 

C'est drôle et touchant aussi quand il parle de sa grand-mère adorée, et très particulière.

«  Augustine, ma grand-mère, était un angle droit. Mais pas seulement un truc moral, une femme au carré dans sa tête, la conscience tirée à quatre épingles, incapable d'arrondir les anagles : elle était un véritable angle droit. Un vrai. En dur. De la physique. Du concret. De la matière qu'on touche. Elle marchait comme ça, à quatre-vint-dix degrés. Dans cette position inhabituelle pour un être humain. Quantre-vingt-dix-degrés pile. Six heures et quanrt sur la pendule. D'équerre. A ma portée. A mon écoute. Rien qu'à moi. »

 

Le récit de ses péripéties La Redoutienne, de ses angoisses quand son trésor a été découvert, et de son lien avec Augustine, est ponctué entre deux chapitres, d'interrogations sur l'inventeur de l'imprimante qui marque les dates sur les oeufs. Surprenant mais trop drôle !

 

«  Des types ont travaillé jour et nuit sur le projet. Hervé L. a travaillé tard le soir. Lui en particulier. Heures supplémentaires en pagaille. Au début, ça ne marchait pas mais il se disait qu'on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs et ça le faisait rigoler tout seul dans son labo. »

 

Un roman original, loufoque, à l'humour très particulier, et au style complètement décalé. A lire absolument ! Merci Liliba.

 


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26 mars 2011 6 26 /03 /mars /2011 08:10

 

La souris bleueLa Souris bleue - Kate Atkinson

(Titre original - Case histories)

Le roman commence par trois intrigues, comme trois nouvelles, qui n'ont de commun que le fait de relater à chaque fois la disparition d'une jeune fille. La première raconte la disparition en 1970 d'une fillette de trois ans au beau milieu de la nuit alors qu'elle campait dans le jardin familial avec une de ses sœurs. La deuxième histoire est celle d'une jeune fille égorgée sur son lieu de stage en 1994 par un fou furieux que personne n'a vraiment vu. Et la troisième fait état de la disparition d'une très jeune femme disparue après avoir assassiné son mari à coup de hache en 1979.

 

Ces histoires n'ont absolument rien à voir les unes avec les autres jusqu'à ce qu'en 2004 le hasard (mais le hasard existe-t-il ?) mette ces trois affaires non résolues entre les mains de Jackson Brodie, ancien policier reconvertit en détective privé et qui s'ennuie mortellement à Cambridge où seules les affaires de maris jaloux semblent occuper ses journées.

 

Ces enquêtes sont donc menées par le charmant Jackson Brodie, râleur, un brin solitaire, et surtout si attendrissant à chaque fois qu'il angoisse à l'idée de voir grandir sa fille alors que le monde n'est rempli que de pédophiles, de tueurs en série et autres pervers, c'est bien connu ! Sans parler des dangers de la télé et de la malbouffe ! Il cherche donc, et il rencontre autant de personnages très hauts en couleur et si finement décrits qu'ils nous deviennent rapidement très proches. Chacun d'entre eux, plus ou moins marginal, est un rouage des drames familiaux qui sont à l'origine ou la conséquence des trois disparitions.

 

Les intrigues se mêlent avec virtuosité. On ne se perd jamais, malgré les nombreuses errances apparentes, et on jubile à suivre les indices semés avec intelligence tout au long du récit parsemé de fausses-pistes. C'est du grand art !

 

En fait, Kate Atkinson, sous prétexte d'enquête policière, dresse avec bonheur un portrait à la fois attendri et ironique, voire caustique, de ses contemporains et de la société anglaise. C'est une étude de mœurs débordant d'imagination et d''humour si « british ».

 

J'avais découvert Kate Atkinson avec un recueil de nouvelles, C'est pas la fin du monde, puis avec Dans les coulisses du musée, et là encore c'est du pur bonheur. Je vais donc continuer mon parcours Atkinson, c'est sûr.

 

  Billet aussi chez Cécile (La lecture émoi)


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26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 08:30

 

Un roman qui trouve un écho dans l'actualité. Des hommes et des femmes qui se révoltent, qui réclament la liberté et la démocratie... Si elle avait vécu aujourd'hui, Kamleh aurait certainement fait partie de ces mouvements.

 

 

 

BLOG0013Toute une histoire – Hanna el-Cheikh

 

C'est l'histoire de sa propre mère, Kamleh, et de son destin digne d'un roman que Hanna el-Cheikh raconte ici.

Kamleh est née dans les années 30 dans un village chiite du sud du Liban. Sa mère, mariée une première fois a eu des enfants de cette union. Remariée à un homme plus jeune qu'elle, elle a deux enfants, Kamleh et son frère Kamel. Quelques années plus tard, son mari la répudie et la laisse sans un sou. Abandonnée elle n'aura de cesse de réclamer sa pension et vivra d'expédients en attendant. Mais les choses ne se passent pas comme elle le veut et ne pouvant ni nourrir ses enfants ni les envoyer à l'école, elle décide de partir chez une de ses filles – issue de son premier mariage - à Beyrouth.

C'est ainsi que Kamleh rencontre son autre famille : ses sœurs mariées, un beau-frère brutal, l'autre dévot et pingre, un frère autoritaire qui la surveille, et un autre artiste et plus doux, sans compter les nombreux neveux et nièces.

Kamleh est une enfant curieuse qui d déjoue la surveillance de sa famille pour aller jouer dans le quartier et explorer la ville. Elle découvre ainsi le cinéma égyptien qui la fera rêver et dont les personnages et le rêve qu'ils lui procurent l'accompagneront toute sa vie.

Kamleh est bien loin d'être la petite fille obéissante et soumise attendue par son entourage, mais son manque d 'éducation la conserve dans un grand été de naïveté. C'est pourquoi, après la mort prématurée d'une de ses sœurs, alors qu'elle a 11 ans, sa mère -comme le reste de la famille – lui demande d'aller réciter une petite phrase devant une assemblée d'hommes. Elle se débarrasse de cette corvée pour retourner plus vite jouer sans savoir qu'elle vient de sceller son destin : elle sera la femme de son beau-frère, homme très pieux et beaucoup plus âgé qu'elle.

A sa demande souvent renouvelée d'aller à l'école, on lui répond en l'envoyant comme apprentie chez une couturière. Cette dernière deviendra son amie et c'est chez elle qu'elle rencontre pour la première fois Mohamed, jeune homme romantique qui lui écrit des lettres et des poèmes que la couturière lui lira.

Lorsqu'elle comprend qu'elle va devoir épouser son beau-frère, elle fait preuve de ruse et d'imagination pour éviter ce mariage mais rien n'y fait, elle sera mariée à 14 ans. L'année suivante, encore enfant elle-même, elle deviendra mère d'une petite fille puis d'une autre deux ans plus tard.

 

Toujours amoureuse de Mohamed qu'elle voit en cachette à force de ruse, elle ne peut toutefois se résoudre à faire ce qu'il espère : demander le divorce. Pourtant la vie est difficile entre cette relation qu'elle doit cacher et la peur qu'elle a de sa famille. Elle songe même au suicide : « (…) j'avais plus peur que mon frère apprenne que j'avais tente de ma suicider que de la mort elle-même. »

 

Quand elle finira par divorcer et vivre enfin avec son grand amour (mais elle aura pour cela dû renoncer à ses filles), elle devra encore faire sa place et montrer qu'elle est digne de respect. D'ailleurs, nombre de femmes en dehors de sa famille sont solidaires. Ne vivent-elles pas pour la plupart des mariages qu'elles n'ont pas voulu ? « Furieux, mon ex-mari et son fils « idéologue », Hussein, interdisent à mes filles de venir chez moi. Finalement elles trouvent toujours le moyen de s'échapper quand elles jouent dans la ruelle. Et moi je vais rencontrer la directrice de leur école pour lui demander la permission de les voir? Je lui explique que j'ai divorcé pour épouser l'homme que j'aime. Elle me félicite et me dit que je suis « courageuse » ».

 

Courageuse, oui, mais aussi rebelle, insolente, débrouillarde, rusée, obstinée, amoureuse, aimante, joyeuse, tels sont les qualificatifs qui viennent à l'esprit quand on pense à Kamleh. Malgré tous les obstacles, elle n'a jamais rien lâché.

 

Quand plus tard elle s'est rapprochée de ses filles, elle a demandé à Hanan, devenue écrivain, d'écrire son histoire, à elle l'analphabète. Cette dernière ne le fait pas, pas avant longtemps. Quand enfin elle prend la plume, c'est à sa mère qu'elle finit par donner la parole. « Je me suis mise à marmonner : « Et voilà Hanan en train d'écrire sur sa mère. Sa mère qui a souffert et aimé, s'est enfuie, a affronté les traditions et les mœurs de son milieu ; sa mère qui a fait du mensonge un jeu, une facétie, et de son imagination un acte de sincérité ». J'ai écrit la première phrase : « Je vois ma mère et mon oncle Kamel courir derrière mon grand-père ». Mais je me suis tout de suite arrêtée. A moins que ce ne soit ma mère qui m'ait arrêtée. Je l'entendais insister pour dire elle-même son histoire. Elle ne voulait pas de ma voix ; elle voulait sentir les battements de son cœur, ses angoisses et ses rires, ses rêves et ses cauchemars. Elle voulait revenir au commencement avec sa propre voix. Elle était heureuse de pouvoir enfin être la narratrice... C'est ma mère qui a écrit ce livre. C'est elle qui a déployé ses ailes pour prendre son vol. J'ai juste soufflé le vent qui l'a emporté e dans ce long voyage. »

 

Et c'est un récit éblouissant qu'elle nous donne à lire sur sa mère mais aussi sur toutes ces femmes éprises de liberté dans un pays et une époque qui leur en laissait si peu. Mais est-ce que les choses ont bien changé depuis ?

Ce récit est souvent très drôle, traversé de poésie, d'une incroyable soif de vie, de rêves portés par les héroïnes de cinéma, de saveurs et d'odeurs d'Orient.

Cette parole que Hanan el-Cheikh donne à sa mère lui a permis de la rencontrer vraiment . « Longtemps nous n'avons eu que des relations superficielles ; en écrivant le récit de sa vie, je me suis rendu compte du courage qu'elle a eu. Elle était féministe avant le mouvement des femmes en Europe, un chiite du sud du Liban ! »

 

 

 

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